Environnement

Des éoliennes soulèvent une tempête à Saint-Pie

Le 24 avril, les médias et les membres du Comité maskoutain de vigilance éolienne ont été refoulés à l’entrée de la bibliothèque de Saint-Pie. Photo : Nelson Dion

Un projet d’éoliennes à Saint-Pie a déchaîné une véritable polémique parmi les citoyens de cette municipalité au cours des dernières semaines.

La tempête a débuté lorsque la conseillère municipale Pascale Pinette a invité les médias et des membres du Comité maskoutain de vigilance éolienne (CMVE) à une réunion organisée par la firme Innergex pour informer les producteurs agricoles visés par son projet d’installer des éoliennes dans la municipalité. La réunion se tenait à la bibliothèque municipale en présence du maire Mario St-Pierre, également agriculteur visé par l’entreprise.

D’entrée de jeu, les médias et le CMVE ont été invités à quitter la salle puisqu’il s’agissait d’une rencontre privée. C’était à la demande même des agriculteurs qu’Innergex tenait cette réunion puisque l’entreprise avait commencé à les contacter individuellement. Ceux-ci désiraient que les informations véhiculées soient les mêmes pour tout le monde.

En entrevue à Mobiles, Pascale Pinette a dénoncé que la réunion ait lieu dans un bâtiment municipal ainsi que la présence du maire St-Pierre qui, selon elle, était en conflit d’intérêts. À son avis, la municipalité donnait l’impression d’endosser le projet.

«Clairement, ça entraîne une certaine confusion,» a-t-elle souligné.

Mme Pinette condamne par ailleurs la méthode utilisée par Hydro-Québec de laisser des entreprises privées signer des ententes avec des propriétaires sans s’assurer au préalable de de l’acceptabilité sociale dans les communautés concernées.

«On est en train de perpétuer de la division sociale pour mettre de l’avant des projets qui sont purement capitalistes.»

Elle propose plutôt que la municipalité se dote d’un règlement pour forcer les entreprises d’énergie renouvelable à obtenir un permis municipal et à respecter un certain nombre d’obligations dans leurs projets.

«Tout projet de production d’électricité devrait venir de la communauté et non de promoteurs qui répondent à des demandes gouvernementales et qui ne cherchent que le profit,» indique-t-elle.

Pas en conflit d’intérêts

Le maire Mario St-Pierre a d’abord condamné les nombreux commentaires qui ont eu cours durant les dernières semaines dans les médias sociaux, colportant de nombreuses faussetés, ce qui n’a fait qu’augmenter la division parmi les citoyens.

Selon un avis juridique, il ne se trouve pas en conflit d’intérêts, n’ayant signé aucune entente avec Innergex à titre de producteur agricole. Cependant, il entend quand même prendre ses distances dans ce dossier pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts.

Si la Ville de Saint-Pie a accepté d’accueillir cette rencontre, c’est parce qu’elle le fait déjà pour tout groupe de citoyens qui désirent se réunir, comme c’est le cas pour les producteurs agricoles concernés par un cours d’eau. Il était présent à la réunion à titre de producteur concerné et non de maire.

Il est loin d’être en faveur de ce projet, a-t-il tenu à préciser. Il reproche toutefois à la conseillère Pascale Pinette d’avoir invité les médias et le Comité maskoutain de vigilance des éoliennes alors qu’il s’agissait d’une réunion privée.

À son avis, le geste de la conseillère n’a fait que diviser la population de Saint-Pie. Il déplore aussi les commentaires négatifs envers les producteurs agricoles qui n’ont fait qu’écouter ce que l’entreprise avait à leur offrir.

Un débat qui se transporte à la MRC des Maskoutains

Une vingtaine de citoyens étaient présents à la réunion du conseil municipal du 7 mai pour questionner les élus municipaux. Comme promis, le maire Mario St-Pierre s’est retiré de la salle lors des discussions.

Essentiellement, les élus ont indiqué qu’il était prématuré de consulter la population puisque le projet d’implanter des éoliennes dans la municipalité est encore embryonnaire. Des représentants du Comité maskoutain de vigilance des éoliennes ont demandé s’ils pouvaient utiliser les locaux municipaux pour organiser une rencontre d’informations pour les citoyens, demande qui a été reçue.

Or, le débat devrait se transporter à la MRC des Maskoutains qui prévoit déposer d’ici peu un règlement de contrôle intérimaire sur les projets d’éoliennes sur le territoire. Les élus de Saint-Pie ont d’ailleurs invité les gens à s’adresser à l’instance régionale.

Producteur agricole, Didier Ruel a profité de l’assemblée pour informer que l’UPA avait consulté ses membres sur les projets d’éoliennes il y a un an. Il a précisé que le syndicat agricole n’encourageait pas ces projets, mais qu’elle n’entendait pas non plus s’immiscer dans les débats dans les localités visées.

Mentionnons enfin que Pascale Pinette a indiqué avait été exclue du dernier caucus des élus municipaux en raison de mon activisme et qu’on l’avait retirée du comité de développement durable de la Ville.