Environnement

Doux printemps…

Photo : Pxhere

Ils ne sont pas rares ceux qui, après l’hiver, balai à feuilles et tondeuse à gazon à la main, attendent pour débarrasser leur terrain de la moindre trace de la saison morte et éliminer chez les pissenlits tout espoir de voir le jour. Si tous les goûts sont dans la nature, soyons franc : la nature n’aime pas vraiment cet engouement pour les pelouses vertes, exemptes de « mauvaises herbes » et coupées à ras.  Ces pratiques ont, en effet, des impacts négatifs importants sur les populations d’animaux pollinisateurs, que des initiatives comme « Mai sans tondeuse » visent à renverser.

Près du tiers des végétaux que nous consommons se reproduisent grâce à l’intervention d’insectes (abeilles et papillons par exemple) ou d’autres animaux qui transportent, souvent involontairement, le pollen d’une fleur à l’autre. On nomme de tels animaux des pollinisateurs. Le riche nectar sucré produit par les fleurs est essentiel pour permettre à ces derniers de survivre jusqu’au prochain hiver, mais la plupart des plantes qui fleurissent hâtivement, comme le pissenlit, ne font pas le bonheur des citoyens. L’absence de fleurs au printemps rend donc extrêmement difficile la survie de ces pollinisateurs, lesquels voient leurs populations diminuer d’année en année. Se débarrasser des pissenlits et autres fleurs de parterre à ce moment critique, c’est donc s’attaquer très durement aux pollinisateurs à un moment où ils sont particulièrement vulnérables.

Il est vrai que d’autres plantes fleurissent aussi au printemps comme l’érable, les pommiers, les magnolias, mais, si on désire rester poli, Saint-Hyacinthe n’est pas particulièrement reconnue pour sa grande quantité d’arbres. L’initiative Mai sans tondeuse vise à retarder jusqu’au début juin le moment de la tonte pour permettre la survie des pollinisateurs en attendant que d’autres plantes puissent fleurir pour les alimenter. Il s’agit d’une initiative mondiale qu’il est facile de transposer chez nous. À nos latitudes et en fonction de notre climat, nous avons en effet un mois de mai où poussent des plantes à fleurs sur nos terrains, ce qui n’est pas le cas partout.  Et puisque l’épandage de pesticides est maintenant proscrit sur les terrains privés, c’est d’autant plus facile de laisser pousser les pissenlits.

Pour obtenir des informations complémentaires, on peut consulter le site web du Défi Pissenlits, un jeune OBNL de Portneuf qui invite à l’action. Si jamais on se sent d’un tempérament salvateur et qu’on désire en faire davantage, on peut aussi conserver à l’année un coin de son terrain pour y faire pousser des plantes appréciées des pollinisateurs puis en profiter pour aménager une oasis à papillons monarques, une autre espèce vulnérable.

Qu’en est-il des règlements municipaux qui interdiraient ce type de « nuisance »? Le règlement municipal stipule qu’en deçà de 30 cm (12 pouces), le couvre-sol n’est pas un problème. Et, outre l’herbe à poux et la bardane, qu’il faut savoir identifier et qui sont de réelles nuisances, nulle espèce n’est considérée comme étant une mauvaise herbe à éliminer de nos terrains et n’aura à être enlevée. Une autre bonne nouvelle pour la biodiversité.