Environnement

Entomologiste amateur maskoutain, Alain Charpentier est invité à un colloque international

En juillet prochain, à Ottawa, Alain Charpentier (avec lampe frontale) participera au congrès international de la Lepidopterists’ Society pour y présenter quelques-unes de ses découvertes

En juillet prochain, à Ottawa, Alain Charpentier participera au congrès international de la Lepidopterists’ Society pour y présenter quelques-unes de ses découvertes les plus remarquables des dernières années.  Parmi ses captures, certaines sont  de nouveaux ajouts à la liste des espèces de lépidoptères présents au Canada et au Québec en plus de constituer une extension d’aire de répartition importante pour ces espèces.     

Une passion de collectionneur

Mea skinnella. Photo : Jean-François LandryAlain Charpentier se découvre une passion pour les papillons dès son enfance : il collectionne alors les papillons de jour les plus communs. Suite à ses études, disposant de plus de temps, il se procure Le Guide des papillons du Québec de Louis Handfield aux éditions Broquet. Cette lecture stimulante lui donne envie de se consacrer à la chasse aux papillons de nuit. Puis, en 2004, sa rencontre avec Jean-François Landry, spécialiste des micro-lépidoptères et curateur de la Collection Nationale Canadienne d’insectes (CNC) à Ottawa se révèle déterminante. Depuis ce temps, il se spécialise dans l’étude des micro-lépidoptères (communément appelés « micros »), lesquels regroupent de grandes familles comme les teignes, les tordeuses, les pyrales, etc.

Un travail nocturne

Depuis quelques années, dès que la chaleur s’installe, cet amateur de papillons de nuit met en place tous les soirs  un drap et une lampe afin d’attirer les insectes,  plus spécifiquement les micros. Au cours de la nuit, il observe chaque spécimen et récupère les plus intéressants dans de petits contenants conservés au frais jusqu’au lendemain.

Ordre et minutie

Le jour suivant, chaque spécimen passe sous le microscope pour observation et identification.  Il est parfois fascinant d’observer les détails des antennes et des couleurs qui révèlent des beautés insoupçonnées. Une fois étalé, chacun de ces minuscules insectes est ensuite épinglé, étiqueté et conservé à l’abri de la lumière et de la poussière. Lorsque la saison de la chasse aux papillons est terminée, Alain finalise le classement et l’identification des espèces sous  la supervision de Jean-François Landry pour ensuite léguer une partie de ses spécimens à la CNC pour l’avancement de la recherche. 

Les raretés présentées au colloque

Lors de ce colloque,  il présentera les raretés trouvées ici à Saint-Hyacinthe et lors de ses vacances en Gaspésie. Par exemple, en août dernier, il a pu capturer quelques spécimens d’un Tinéidé, Mea skinnerella, derrière chez lui, à Saint-Hyacinthe. C’est une découverte majeure puisqu’il s’agit d’une espèce et d’un genre nouveaux pour le Canada : le plus proche endroit où on en a trouvé est dans le Maine. La larve est probablement détritivore (feuilles mortes, matière végétale en décomposition). De plus, en Gaspésie, il a capturé en 2015 un spécimen de Caloptilia flavimaculella,  un nouvel ajout à la liste canadienne des espèces. Cette même année, il a pu récolter et élever des larves d’une tordeuse, Ahmosia galbinea, sur l’onagre bisanuelle. Cette tordeuse, qu’il a trouvée au bord de la rivière Verte à Maria, ne se trouve qu’en Alberta et en Saskatchewan, ainsi que dans certains États du sud-ouest (Utah, Wyoming). Toute une extension d’aire pour cette espèce!

En juillet prochain, à Ottawa, Alain Charpentier (avec lampe frontale) participera au congrès international de la Lepidopterists’ Society pour y présenter quelques-unes de ses découvertes

Cette participation au colloque permettra à Alain Charpentier de faire connaître le fruit de ses recherches à d’autres chercheurs, une opportunité qui se présente rarement lorsqu’on pratique une activité aussi spécialisée et qui attire peu d’amateurs.