Environnement

Palmarès des déversements : le temps n’est pas aux réjouissances

La rivière Yamaska au niveau de la station de pompage Pratte ( 605 rue Girouard Est ). Photo : Nelson Dion

Comme à chaque année, la Fondation Rivières a dressé son palmarès des municipalités québécoises avec le plus de déversements d’eaux usées dans les cours d’eau. Pour l’année 2022, Saint-Hyacinthe y occupe le 7e rang en termes de nombre de déversements, et le 1er en termes d’indice d’intensité de déversements par habitant. Si les causes sont multiples, il y a cependant des angles morts dans nos politiques municipales de réduction des déversements.

Les stations d’épuration ne peuvent traiter qu’un certain volume d’eau usée avant de la rejeter dans les cours d’eau. Des stations de pompage poussent l’eau vers ces stations, puis des ouvrages de surverse permettent, lors de forte pluie ou de fonte rapide des neiges, de diriger les débordements vers le cours d’eau pour protéger la station et le réseau d’égouts. À Saint-Hyacinthe, comme à bien des endroits, les eaux usées et les eaux de surface (ruissellement) convergent dans un même réseau d’égouts vers les stations d’épuration.

C’est ainsi que des eaux usées contenant de nombreux contaminants parfois toxiques ou dangereux (toxines, bactéries, phosphore, ammoniac par exemple) se retrouvent dans la Yamaska. Ces derniers réduisent d’abord l’utilisation récréative de la rivière (contemplation, baignade, pêche), contribuent à rendre son eau impropre à la consommation, puis finalement, affectent la faune et la flore aquatiques qui y vivent. Se réjouir que les impacts des déversements soient passagers est une manière pratique d’éviter d’aborder les véritables problèmes alors que des solutions existent.

D’abord, il faudrait accélérer la transition vers l’utilisation de deux réseaux séparés : de fortes pluies entraineraient le déversement d’eaux de ruissellement seulement, plutôt qu’un mélange contenant des eaux usées. Ensuite, des mesures incitatives de réduction de l’utilisation de l’eau devraient être mises en place pour diminuer les débits dans nos installations. Finalement, ajoutons qu’il est possible d’augmenter la rétention des eaux par le sol plutôt que de les diriger vers le réseau d’aqueduc de plusieurs façons: débrancher des gouttières et installer des barils de récupération d’eau de pluie, aménager des jardins de pluie, remplacer par des revêtements poreux l’asphalte dans nos entrées de garage, réduire la quantité et aménager les multiples stationnements de la municipalité avec des bassins de biorétention sont quelques exemples inspirants de ce qui peut être mis en place. Car, s’il est vrai que la réfection du réseau d’égouts ainsi que des ouvrages (station d’épuration, usine de pompage et trop-pleins) permettent de réduire les déversements, ils n’en annulent pas pour autant les causes et sont extrêmement coûteux. Ces travaux ont déjà coûté plus de 100 M$ depuis 2019 et la Ville estime qu’il en coûtera encore près de 200 M$ d’ici 2024. Les coûts environnementaux, eux, sont difficilement chiffrables.

La Yamaska est déjà suffisamment polluée. Avec près de 20 municipalités qui sont traversées par elle ou qui y sont adjacentes, dont plusieurs d’entre elles ont un indice de déversements très élevé, c’est d’un effort concerté dont nous avons besoin si sa santé nous tient à cœur.