Environnement

Projet d’éoliennes : un débat beaucoup plus large

Les trois panélistes de la soirée d’information sur les projets d’éoliennes : Robert Laplante, Martine Ouellet et Richard Langelier. Photo Roger Lafrance

« Mine de rien, ce qu’on voit présentement avec le projet de loi 69 sur l’énergie, c’est la dépossession de ce bien commun qu’est Hydro-Québec. Aujourd’hui, René Lévesque et Jean Lesage doivent se retourner dans leur tombe. »

L’ex-ministre des ressources naturelles Martine Ouellet a été la plus cinglante des trois panélistes lors de l’assemblée publique d’information sur les projets d’éoliennes dans la région, tenue le 11 septembre dernier. Or, au-delà des éoliennes, le véritable sujet de la soirée était davantage le projet de loi 69, sur la gouvernance des ressources énergétiques au Québec.

Pas moins d’une soixantaine de personnes ont assisté à cette rencontre organisée par Solidarité Populaire Richelieu-Yamaska et le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM).

D’entrée de jeu, le représentant du Comité maskoutain de vigilance éolienne (CMVÉ), Jacques Tétreault, a affirmé qu’une consultation publique sur toute la filière éolienne était nécessaire pour faire le point sur les impacts de cette technologie, de même qu’un moratoire sur leur implantation. Une demande de résolution a d’ailleurs été transmise aux municipalités de la région.

Pour M. Tétreault, l’implantation d’éoliennes soulève de nombreuses problématiques dont l’énormité des structures, les câbles souterrains reliant les éoliennes et les postes de distribution d’Hydro-Québec, la modification du paysage, la dépréciation des propriétés, l’impact sur la santé physique et mentale du voisinage et la détérioration du réseau routier.

Le directeur général de l’Institut de recherche en économie contemporaine, Robert Laplante, a brossé un portrait exhaustif de l’hydroélectricité au Québec, rappelant que la nationalisation de l’électricité avait procuré aux Québécois une mainmise sur cette richesse collective.

« Hydro-Québec est devenu un agent économique de premier plan, a-t-il rappelé. Ce pacte de l’électricité nous a placé dans le peloton de tête des économies au monde pour se sortir du pétrole. »

Pour lui, le projet de loi 69 modifiera radicalement la gestion de l’énergie au Québec en donnant beaucoup trop de pouvoir au ministre responsable de l’Énergie. Le projet de loi ouvrira une brèche importante dans le monopole d’Hydro-Québec en matière de production et de distribution d’électricité.

À son avis, le projet de loi aura aussi un impact majeur sur le développement régional en limitant Hydro-Québec aux terres publiques et ouvrant la porte au secteur privé dans toutes les régions, ce qu’on voit déjà avec les projets d’éoliennes qui se pointent partout et qui divisent les populations locales.

Il conclut que le projet de loi représente un « appauvrissement » de  notre richesse collective qu’est l’électricité.

Demande en énergie non justifiée

Martine Ouellet signale que la demande en énergie invoquée par le gouvernement Legault équivaut à se doter d’un « 2e Hydro-Québec » au cours de la prochaine décennie. Pour elle, cette demande n’est justifiée que par les contrats d’exportation et la venue d’entreprises étrangères de la filière batterie comme Northvolt qu’elle qualifie de « carnivores ».

« Le vrai débat, c’est : est-ce qu’on veut continuer à faire de la surconsommation énergétique pour ces carnivores? », a-t-elle lancé à l’auditoire.

Elle soutient qu’il est toujours possible de faire marche arrière sur l’exportation d’électricité et le soutien aux entreprises énergivores. Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale disposent d’outils pour contrecarrer le projet de loi, mais pour cela, ils doivent sentir que les citoyens sont contre le projet.

Même constat chez le juriste Richard Langelier. Par exemple, les municipalités peuvent demander une consultation publique du BAPE et un moratoire sur la filière éolienne, comme le réclame le CCCPEM. Elles peuvent aussi adopter des normes plus sévères que celles de la MRC ou organiser un référendum sur la question auprès de leurs citoyens.

Mentionnons enfin que la rencontre a fait l’objet d’une captation qui sera diffusée à compter du 30 septembre sur les ondes de NousTV.