Environnement
Certification Communauté bleue

Un pas dans la bonne direction pour la préservation de l’eau potable

On se préoccupe rarement de perdre quelque chose dont la possession nous apparaît comme allant de soi. L’abondance d’eau douce au Québec (3% des réserves mondiales) ne devrait pas nous faire oublier son importance et, en recevant, fin 2023, comme 41 municipalités avant elle, la certification Communauté bleue, la ville de Saint-Hyacinthe s’est engagée à préserver et protéger cette ressource. L’eau potable a besoin qu’on en prenne soin et plusieurs menaces, qui auront tôt fait d’en diminuer la qualité ainsi que l’accès, pèsent sur elle.  

Au Québec, l’organisme Eau secours fait, depuis plus de 25 ans la promotion d’une prise de conscience de cette richesse qu’est l’eau et multiplie les initiatives pour en protéger la qualité et l’accès. Parmi les pressions exercées sur l’eau, on compte la pollution générée par les activités humaines et les effets des changements climatiques qui agissent sur sa qualité, puis la sous-capitalisation et la privatisation qui en diminuent l’accès. Eau secours coordonne au Québec l’initiative des communautés bleues. Présentes dans le monde entier, ces dernières promeuvent la reconnaissance de l’eau comme bien commun, notamment via la sensibilisation et l’éducation. En recevant la certification Communauté bleue, la ville de Saint-Hyacinthe s’est engagée à reconnaître le droit humain à l’eau et aux services d’assainissement, à promouvoir sa gestion publique et à éliminer progressivement la vente de bouteilles d’eau dans ses édifices municipaux et lors de ses événements. Le premier de ces trois engagements n’est pas ce qui risque d’avoir le plus d’impacts directs, admettons-le d’emblée, mais le dernier engagement, concernant l’élimination de la vente de bouteille d’eau, s’avère particulièrement important.

Bien que cela risque d’en choquer plus d’un, il est essentiel que disparaissent les bouteilles d’eau. À l’échelle mondiale, il se vendrait chaque minute un million de bouteilles d’eau. Qu’on permette encore aujourd’hui l’utilisation d’une quantité aussi astronomique de plastique à usage unique est révoltant. D’abord, on sait que l’empreinte écologique (impacts environnementaux du produit, de sa production jusqu’à sa disposition une fois sa vie utile terminée) de ce produit est énorme. Ensuite, embouteiller de l’eau exerce une pression sur son accès en la détournant au profit d’une industrie cupide.  En effet, les redevances payées sur l’eau ne sont que de 500 $ par million de litres embouteillés. C’est beaucoup trop peu pour garantir la pérennité de la ressource. Rappelons aussi que cette eau a été traitée par des installations publiques et aux frais des municipalités. En renonçant à ce que ces compagnies investissent les espaces municipaux, la ville de Saint-Hyacinthe indique aussi qu’elle ne veut plus cautionner cette industrie.

Près de 11% de la population mondiale n’a pas accès à de l’eau potable. Il est important d’en assurer une utilisation raisonnable, un partage équitable et un traitement responsable. Nos administrateurs publics doivent donc faire la promotion de ces valeurs et agir concrètement en ce sens.  En devenant une Communauté bleue, la ville de Saint-Hyacinthe va dans la bonne direction : elle semble vouloir offrir des mesures structurantes plutôt que des vœux pieux. Très bien.