Loisir

Des fruits indigènes à (re)découvrir

Le pawpaw est un arbre indigène de l'est des États-Unis et du Canada. PHOTO : Julien Ghannoum

Depuis la pandémie, le gouvernement québécois encourage davantage la consommation de produits locaux. L’initiative Le Panier Bleu en est un bon exemple. Mais connaît-on bien les produits d’ici ? Et qu’en est-il des fruits ? Certains, comme le pawpaw, semblent avoir été mis aux oubliettes. Pourtant, on gagnerait à les remettre dans nos assiettes.

Julien Ghannoum est pathologiste maxillo-facial de profession, mais jardinier, cuisinier et microbrasseur de passion. Il suffit de faire quelques pas dans sa cour pour le comprendre : fines herbes, fleurs et plantes comestibles s’y retrouvent en abondance. On y aperçoit également des arbres fruitiers, tels que des mûriers, des griottiers, des plaqueminiers, des argousiers et des pruniers, avec lesquels le fin gourmet s’amuse en cuisine et fait ses propres bières. Cela dit, des arbres aux allures tropicales attirent davantage l’attention : ce sont des pawpaws ou, plutôt, des asiminiers trilobés.

Vous avez dit pawpaw ?

« Le pawpaw est un arbre indigène de l’est des États-Unis et du Canada, qui pousse plus précisément de la Louisiane jusqu’au sud de l’Ontario, explique Julien Ghannoum. Les tribus amérindiennes consommaient ce fruit, d’où le nom autochtone pawpaw. De nos jours, rares sont ceux qui le connaissent et le cultivent. Lorsque j’ai planté les miens, il y a une dizaine d’années, j’étais un des rares à en avoir au Québec. »

Le pawpaw est un arbre indigène de l'est des États-Unis et du Canada. PHOTO : Julien Ghannoum

Julien émonde ses pawpaws pour les maintenir à une hauteur de 3 mètres, mais l’arbre peut atteindre jusqu’à 14 mètres ! L’asimine, le fruit, est une baie de forme oblongue et de couleur verte qui ressemble à la papaye. Les noms pawpaw et papaye sont d’ailleurs souvent confondus. La chair comestible, quant à elle, est jaune et crémeuse. On dit qu’elle a un goût rappelant à la fois la banane, l’ananas, la mangue et le pudding à la vanille. « Pour ma part, j’évite de comparer le pawpaw à d’autres aliments, surtout que chaque cultivar de pawpaw a un goût unique », souligne le passionné jardinier.

Les fruits se récoltent à l’automne, vers la fin octobre. Julien en fait alors des confitures, de la crème glacée et même de la bière. « Mais je les mange généralement crus, en dessert. » Et il n’est pas le seul puisqu’une légende veut que le pawpaw ait été le dessert préféré de George Washington !

Un melon bien de chez nous

Outre le pawpaw, Julien Ghannoum rappelle l’existence du melon de Montréal. Les débuts de ce fruit à chair verte et au goût de muscade remontent vers 1680, avec les Jésuites. Il a atteint une grande popularité dans les années 1920, grâce à la famille de cultivateurs Décarie. « À cette époque, le melon de Montréal était si prisé qu’on l’exportait à Boston, à Chicago et à New York ! Les gens étaient prêts à payer jusqu’à 1,50 $ pour une tranche, ce qui équivaut à près de 20 $ aujourd’hui », s’exclame Julien Ghannoum.

Vers 1950, les normes de l’industrie agroalimentaire et l’urbanisation graduelle du territoire ont forcé l’abandon de la culture de ce fruit dit fragile. Le melon de Montréal a toutefois réapparu vers 1996, grâce à un journaliste de The Gazette qui a ramené 200 semences des États-Unis. De tout l’échantillon importé, une seule graine a germé, permettant au fruit de perdurer.

L’amélanche : un autre fruit oublié

Également originaire d’Amérique du Nord, l’amélanchier est un arbuste qui se couvre de fleurs étoilées blanches ou teintées de rose en avril-mai, de baies savoureuses en été et d’un feuillage cuivre ou pourpre à l’automne. « Voilà un autre fruit indigène qu’on gagnerait à redécouvrir, affirme Julien Ghannoum. En plus, l’arbre est d’une grande beauté et résiste très bien au froid. »

Les baies, les amélanches, sont sucrées et riches en vitamine C. Se consommant crues ou cuites, elles font de délicieuses tartes, compotes et confitures, aux dires de l’habile cuisinier. D’ailleurs, à l’écouter en parler avec appétit, on ne peut en douter. Et une seule envie nous envahit : y goûter.