Opinion

20 ans, l’âge adulte

Il y a 20 ans paraissait le premier numéro de Mobiles. Quand on connaît la situation actuelle dans les médias, ce n’est pas un mince exploit.

Depuis 20 ans, bien des journaux régionaux ont disparu. Les autres ont vu leurs pages s’effriter au fil des années. Les médias nationaux n’échappent pas au phénomène. Le journal Voir est disparu. La Presse n’est plus publiée et s’est transformée en version électronique. Même Le Journal de Montréal ne publie plus le dimanche.

On pourrait se demander à quoi ça sert exactement un média comme Mobiles. Comme l’ont fait remarquer Marcel Blouin et Anne-Marie Aubin dans ce numéro, Mobiles offre une voix différente de la réalité maskoutaine. Il aborde certains sujets à sa façon, selon un angle différent.

Il y a des sujets que n’abordent pas les autres médias locaux. Mobiles, c’est le droit à la différence. Notre monde n’est pas monolithique. Il y a dans notre communauté une panoplie de points de vue, et il est important qu’ils puissent se faire entendre. Les médias, c’est une des conditions de la démocratie. C’est aussi le ciment d’une communauté.

Il faut préciser que Mobiles est aussi un média communautaire. Il appartient à la communauté. Tout citoyen qui a envie d’écrire peut le faire en soumettant un article au journal. On peut aussi s’investir au sein du conseil d’administration ou du comité de rédaction.

De mon côté, j’écris dans Mobiles depuis environ 10 ans. Après avoir travaillé à La Pensée de Bagot, au Courrier de Saint-Hyacinthe et à L’œil régional, tous dans le giron de DBC Communications, après avoir écrit sur la politique municipale, couru les faits divers ou signé des articles économiques, je poursuis ma passion dans Mobiles.

Et je dois le dire: je me sens privilégié d’écrire dans ces pages, alors que tant de journalistes ont perdu leur emploi ou sont passés à autre chose. J’écris sur ce qui me plaît, je rencontre des gens extraordinaires qui font que notre région maskoutaine est ce qu’elle est, j’écris sur des sujets qu’on n’aborde pas souvent ailleurs.

C’est un privilège d’écrire dans un média, comme ce l’est d’écrire cet éditorial que vous lisez actuellement. Ce privilège vient avec des responsabilités, bien sûr, et aussi avec le souci de respecter les lecteurs.

C’est ce que permet un média communautaire comme Mobiles. Il permet une autre voix, il fait place à d’autres points de vue, il offre un droit à la différence.

Tout cela nous ramène à l’importance de soutenir nos médias et de préserver ceux qui restent et qui survivent. Il ne faut pas attendre qu’ils disparaissent pour se rendre compte à quel point ils étaient importants.

On dit souvent qu’à 20 ans, on entre dans l’âge adulte. C’est certainement le cas pour Mobiles, même si chaque numéro part d’une feuille blanche qu’on remplit au fur et à mesure qu’approche la date de tombée.

Bon vingtième, et bravo à tous ceux et celles qui ont fait de Mobiles ce qu’il est aujourd’hui.