Opinion

Itinérance : aller au-delà du plaster

Photo : Nelson Dion

Beaucoup d’entre nous sont mal à l’aise face à l’itinérance. Elle nous renvoie l’image de l’échec d’une société qui ne réussit plus à s’occuper de ses plus vulnérables.

Le mois dernier, plusieurs grandes villes ont lancé un cri de cœur au gouvernement québécois: elles avaient besoin d’aide. Pour calmer le jeu, le ministre Lionel Carmant a sorti de son chapeau un 15,5 millions $ pour de l’hébergement temporaire. Mais s’agit-il d’une réelle solution? Est-ce tout ce que le gouvernement a à offrir?

Il fut un temps où on se disait que seules les grandes villes étaient concernées. Bien sûr, l’itinérance existait à Saint-Hyacinthe. Jeannot Caron en est bien la preuve vivante et il est devenu l’exemple par excellence qu’on peut s’en sortir.

Les causes sont multiples. Bien sûr, il y a la santé mentale et la consommation. Il faut aussi ajouter la pauvreté et la pénurie de logements abordables. Nous faisons aussi face aux défaillances de nos services publics à prendre soin de ceux qui ont besoin d’aide.

Si les causes sont multiples, les solutions doivent aussi l’être. L’hébergement temporaire, s’il offre un lit par temps froid, ne règle rien sur le fond car il ne s’attaque pas aux causes sous-jacentes.

Dans le passé, Saint-Hyacinthe a longtemps préconisé la solution du billet d’autobus pour renvoyer les itinérants à Montréal. C’est sans doute ce qui explique que nous avons peu de lits d’urgence pour les personnes en difficulté. Même si quelques lits ont été réservés dans le HLM de la rue De la Concorde, cela demeure quand même bien modeste.

Parmi les solutions, celle d’offrir du logement abordable est la plus prometteuse. D’ailleurs, il faut saluer la Ville de Saint-Hyacinthe et d’Habitations Maska d’avoir racheté quelques édifices au centre-ville pour les personnes seules. L’effort est là.

Cependant, le logement reste une solution imparfaite si on n’offre pas du même souffle du soutien psychosocial. Malheureusement, les organismes maskoutains demeurent sous-financés pour offrir un bon soutien.

Cela nous ramène à l’annonce du ministre Carmant. Elle apparaît aujourd’hui comme un plaster qui, au final, ne changera rien à la situation. Elle nous donne l’impression que l’État est incapable de proposer une solution durable.

Peut-être qu’au fond, la vraie solution serait justement de ne pas avoir de programme précis. Il serait sans doute préférable de débloquer une enveloppe budgétaire pour chaque région en laissant le soin aux instances du milieu de choisir la solution la mieux appropriée.

L’itinérance à Montréal ou à Québec n’est pas celle vécue à Saint-Hyacinthe. Ici, les mesures existantes ne sont pas comparables aux grandes villes. Chaque milieu, par la concertation, est le plus apte à déterminer les solutions qui donneront les meilleurs résultats.

Oui, l’itinérance dérange. C’est une preuve que les valeurs que nous nous sommes données comme société, celles d’aider les plus vulnérables, ne fonctionnent plus.

Comme citoyen, on peut quand même faire quelque chose, en changeant notre regard face aux personnes itinérantes. Un sourire, un bonjour, c’est déjà un premier geste. C’est peut-être anodin, mais c’est déjà bien mieux que l’indifférence.