Opinion

Le difficile accès à la propriété

Photo : Freepix

Serait-on en train de vivre une fracture générationnelle autour de l’accès à la propriété? Pour bien des jeunes, le rêve de devenir propriétaire s’amenuise chaque jour.

Et pourtant, le marché continue de donner des signes contraires. Les propriétés se vendent toujours aussi rapidement dans la région. Et selon les échos que nous avons, la surenchère chez les acheteurs semble toujours aussi présente.

N’empêche que les statistiques démontrent que l’accès à la propriété est plus difficile. Selon la SCHL, 31% des acheteurs d’une première propriété ont eu besoin d’un don pour constituer leur mise de fonds, souvent en provenance d’un parent.

Par ailleurs, le taux de propriété au Québec s’établissait en 2021 à 59,9%, en légère baisse. En passant, le Québec présente le pire taux de toutes les provinces canadiennes. Il n’y a pas de quoi être bien fier, avouons-le.

On pourrait dire qu’au fond, ce n’est pas si grave. L’important est d’avoir un logement, idéalement à prix abordable, ce qui est déjà un défi en soi par les temps qui courent.

Dans les faits, la propriété, c’est aussi une façon d’épargner, d’acquérir un actif et de s’enrichir au fil des années. Elle procure aussi une certaine forme de sécurité financière, bien qu’avec la propriété, viennent aussi les responsabilités!

Mais comment aider ceux qui aspirent à devenir propriétaires? Bien sûr, il faut encourager l’épargne. Mais avec la hausse fulgurante des loyers, les ménages éprouvent plus de difficultés que jamais à épargner en prévision d’une première propriété.

Une responsabilité partagée

Il faut rappeler que le secteur de la construction est une responsabilité partagée entre le privé, c’est-à-dire les constructeurs et les promoteurs, et les différents niveaux de gouvernement qui encadrent et réglementent en plus de mettre en place différents incitatifs.

Parmi ces derniers, le RAP (basé sur les REER) est le plus connu. Le gouvernement Trudeau a aussi lancé le CELIAPP il y a quelques années, mais il faut dire que celui-ci demeure plutôt méconnu.

Les partis politiques y vont aussi de leurs solutions. Le Parti Québécois penche pour une réduction des taux d’intérêt durant les trois premières années, ou une «Corvée-Habitation» comme dans les années 1980. Ces idées peuvent être bonnes mais il y a toujours un danger à délier les cordons de la bourse, surtout quand l’argent provient des contribuables.

Pourtant, d’autres solutions pourraient être envisagées. Pensons aux mini-maisons qui permettent d’avoir un chez-soi à coût abordable. Encore faut-il que la règlementation municipale puisse l’autoriser. Quand on consulte le site du Mouvement québécois des mini-maisons, seulement deux municipalités dans la région peuvent accueillir ce type de construction.

La ville de Lyon, en France, a été plus loin en mettant de l’avant une solution où le terrain demeure une propriété publique, ce qui permet de réduire de beaucoup l’achat d’une propriété. Québec Solidaire propose d’ailleurs un programme similaire.

Bref, il y a bien quelques idées qui méritent d’être évaluées. Mais pour mettre en place des solutions, il faudrait sans doute en faire une priorité nationale, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Car l’accès à la propriété, en plus de tous ses bienfaits sur la vie des ménages, est aussi une façon de s’enrichir collectivement.