Opinion

Soyons fiers de ce que nous sommes

Crédit : Boris

Comment va votre santé mentale? La mienne se porte quand même pas pire, même si je dois avouer qu’il m’arrive de fermer la télé quand débute le téléjournal qui, ces temps-ci, pourrait s’appeler les « nouvelles de Donald Trump ».

En fait, le terme « téléjournal » est mal choisi. On devrait plutôt parler de téléroman où chaque jour est un épisode avec ses annonces chocs et sa dose d’angoisse et de suspense. Difficile de rester serein face à un monde qui se désagrège sous nos yeux et à des certitudes qui n’en sont plus.

Le meilleur texte que j’ai lu sur le sujet est une lettre ouverte, parue dans La Presse + du 27 février et intitulée « Soyons extraordinaires ». Elle est signée par une quarantaine de citoyens de tous les horizons, qui se disent eux-mêmes des gens ordinaires.

« Nos expériences sont diverses, mais nous avons tous et toutes une chose en commun : nous aimons le Québec. Cette nation et ce territoire dans lesquels nous nous enracinons font notre fierté. Et ce n’est pas Donald Trump, président des États-Unis, qui va nous dicter quoi faire chez nous. », préviennent les signataires dès le départ.

Ils ont bâti le Québec, comme nous l’avons tous bâti à travers des milliers de décisions et de lois. Nous l’avons forgé à notre image, selon nos valeurs, avec ouverture aux autres et compassion, afin de se doter d’une société plus égalitaire.

« Le Québec est moins violent, plus éduqué, plus tolérant que les États-Unis, déclarent-ils dans la lettre. On y vit mieux et plus longtemps, alors que l’espérance de vie au sud de la frontière a chuté rapidement au cours des dernières années, ce dont nous nous désolons. Nos succès ne sont pas tombés du ciel. C’est nous qui les avons construits, à force de courage, d’entrepreneuriat, de créativité, d’entraide.

J’aurais écrit les mêmes mots, non pas pour les copier, mais parce qu’ils sont ceux que j’aurais moi-même choisis. Une lettre qui va droit au cœur.

C’est une guerre économique et politique à laquelle nous sommes confrontés en ce moment. Une attaque d’un pays que nous avons toujours considéré comme ami ou allié.

Les mesures tarifaires surprennent et désarçonnent, mais il n’y a qu’une seule façon d’y faire face: c’est justement « d’y faire face ». C’est-à-dire de se tenir debout devant l’adversité, de réagir, de se faire respecter. C’est le message de cette lettre.

On prend toujours tout pour acquis. On pense qu’on ne perdra jamais les gains obtenus au fil des années, qu’on ira toujours de l’avant.

Or, il n’y a jamais rien d’acquis. Parlez-en aux Ukrainiens qui ne pensaient pas se retrouver en guerre contre la Russie. Après trois ans, ils sont encore loin d’une victoire ou d’un retour à la paix.

« Nous sommes des gens ordinaires, concluait la lettre. Ensemble, nous formons un peuple extraordinaire. Un peuple imparfait, mais inventif, tenace et fier. Face à la menace, ne laissons tomber ni nos espoirs ni nos ambitions. Continuons de bâtir ce Québec que nous aimons. »

Il n’y a pas d’autre message qui compte en ce moment. Nous sommes en guerre et c’est la solidarité qui nous permettra de passer au travers.