Politique

Trottoirs et urbanisme

J’ai assisté à l’assemblée du conseil municipal du 17 décembre dernier, afin de soutenir l’initiative de groupes de citoyen.ne.s qui se sont mobilisés contre le plan directeur des trottoirs et le changement de règlement d’urbanisme au centre-ville, créant une zone « riveraine » susceptible d’accueillir des immeubles de 6 à 8 étages.

Ces deux sujets, qui à priori n’ont rien en commun, sont pourtant intimement liés. En effet, dans les deux cas, des règlements ayant un impact majeur sur l’urbanisme et la vie des gens en ville ont été pris sans réelle consultation avec ces derniers et leur effet aura un impact sur des dizaines d’années à venir.

Or, malgré le dépôt d’une pétition de presque 900 noms (rassemblés en 2 semaines!), la Ville a semblée sourde aux arguments et inquiétudes des signataires concernant la perte de parfois plus de 50% des trottoirs dans certains quartiers. Elle a simplement décrété un moratoire (donc temporaire) sur l’enlèvement des trottoirs de la rue des Samarres et des environs. Quant aux autres trottoirs, rien de changé. On nous a simplement indiqué que les résidents habitant devant les des tronçons de trottoir à enlever seront consultés lorsque le bulldozer sera à leur porte. Oui mais, si un seul résident sur ce tronçon souhaite conserver son trottoir, allez-vous le laisser quand même? Ou allez-vous mettre de la pression sur celui-ci afin qu’il opine du même côté que ses voisins? Et qu’est-ce que ce plan qui se négocie par petits bouts de rue alors que l’ensemble du réseau piétonnier est utilisé non seulement par les gens qui habitent devant leur trottoir mais par l’ensemble de la population du quartier, de la ville et même des villes environnantes (car oui, nous avons parfois de la visite à St-Hyacinthe et même que le Conseil municipal aimerait en avoir plus!).

De plus, malgré la présence d’une centaine de personnes à l’assemblée municipale (alors qu’il n’y assiste habituellement qu’une dizaine de personnes en moyenne), dont une quinzaine sont venues au micro pour partager leurs inquiétudes sur l’embourgeoisement du centre-ville qui menace de se produire avec ce changement de règlement d’urbanisme, le Conseil n’a continué qu’à répéter son mantra : la façon exceptionnelle dont la population avait été consultée à propos de la nouvelle promenade, l’aspect environnemental du projet, la densification du centre-ville qui permettrait de développer des transports en commun et de revitaliser la rue des Cascades. Oui, tout cela est bien beau, nous sommes d’accord. Mais pourquoi ne pas avoir demandé aux résident.e.s du secteur quelle était leur vision à eux concernant l’aménagement de ce quartier? Quelle est l’urgence absolue d’adopter ce règlement maintenant, avant toute rencontre avec le comité de développement du centre-ville? Le maire s’est personnellement engagé à promouvoir le logement social dans ce secteur pour remplacer les logements abordables perdus par les nouvelles constructions. Oui mais quelle est sa vision exactement? Ne serait-ce pas pertinent d’élaborer un plan de lutte à la pauvreté et au manque de logement abordable, et cela avant de laisser le champ libre aux promoteurs de tout acabit dans ce secteur névralgique?

Ironie du sort, la seule personne qui est venue au micro féliciter le Conseil pour ce changement de règlement d’urbanisme est la présidente de la Chambre de commerce. Quand les commerçants sont du côté de l’administration et les citoyen.ne.s de l’autre côté, n’est-ce pas justement le signe qu’il y a un manque flagrant de concertation dans ce dossier?

Sachez en tout cas, représentants de TOUS les citoyen.ne.s, que nous continuerons à surveiller ces dossiers, à nous mobiliser et que le fruit de vos actions sera jugé quand viendront les élections. Ce jour-là, nous serons au moins enfin entendus.  

Sonia Chénier,
Résidente du secteur Saint-Sacrement