Ruralité
Ferme Le Champs Libre

L’art de faire de l’agriculture autrement

Sans l’appui de sa famille, Rémy Bousquet n’aurait certainement pas pu s’établir en agriculture. Photo : Roger Lafrance

Rémy Bousquet n’a pas du tout le profil de l’agriculteur typique. Sa ferme Le champs libre, spécialisée dans la culture de l’ail, est un bel exemple que bien des chemins peuvent mener à l’agriculture.

Pourtant, il est né dans une famille de producteurs de La Présentation spécialisés dans les grandes cultures. Jeune, ses études universitaires portent sur l’histoire, les langues étrangères et l’anthropologie. Puis, il décide de voyager et se consacre même à la coopération internationale qui lui ouvre les yeux sur une autre forme d’agriculture.

À son retour, il se retrouve devant un dilemme. « C’est bien beau d’avoir étudié dans les sciences humaines, mais il me fallait un métier pour gagner ma vie », confie-t-il à Mobiles.

Alors, pourquoi ne pas revenir à l’agriculture, se dit-il. Sa famille lui prête donc un lopin de terre et l’usage de quelques bâtiments pour lui permettre de faire ses classes. C’est donc l’école de la vie, celle de l’apprentissage, faite d’essais et d’erreurs, bien loin des pratiques de l’agriculture intensive. Les autres membres de la famille lui laissent faire ses expériences, circonspects face aux méthodes qu’il met de l’avant. Aux réunions de famille, les débats sur l’agriculture ne s’éternisent pas!

« Au fond, je me considère privilégié d’avoir pu commencer comme cela, admet-il. J’ai démarré à peu de frais. Je n’aurais jamais pu partir de zéro, n’ayant pas fait d’études dans le domaine. »

Après avoir débuté dans la production de légumes, Rémy Bousquet choisit de se spécialiser, d’abord vers l’ail et la cerise de terre à partir de 2016, puis en ne conservant que l’ail en 2021.

Une culture en forte expansion

Il faut dire que la production d’ail a connu une forte expansion au cours des dernières décennies. L’ail québécois a conquis de nombreux consommateurs qui ont découvert un produit bien différent de celui produit en Chine qu’on retrouve toujours dans les étals des épiceries.

« Il y a longtemps eu de la culture d’ail au Québec, précise-t-il. Sa culture était même assurée par la Financière agricole, mais après plusieurs mauvaises années, elle a été abandonnée pour des cultures plus faciles. »

« Les gens ont redécouvert le goût de l’ail d’ici grâce à des variétés adaptées aux climats froids. Ils sont prêts à payer un peu plus cher pour un produit de plus grande qualité. »

Cette année, Rémy Bousquet a planté 75 000 têtes d’ail et cultive 9 variétés. Si ses installations sont toujours localisées sur la ferme familiale dans le Grand Rang de La Présentation, ses plants sont concentrés sur une parcelle de Sainte-Madeleine pour profiter d’une terre plus propice pour cette culture.

Son marché est diversifié. En plus de la vente directe à la ferme, Rémy Bousquet approvisionne d’autres producteurs et certains transformateurs comme Ail en Noir et blanc de Saint-Pie qui se spécialise dans l’ail noir. Il participe également à certains événements comme la Fête du Vieux Marché de Saint-Denis-sur-Richelieu, le Festiv’Ail du Marché Locavore à Racine ou les Matinées gourmandes.

Des projets? « J’aimerais avoir la possibilité d’offrir de l’ail plus longtemps aux consommateurs, notamment à la fin de l’hiver. Ça me permettrait de couvrir la demande des consommateurs de la fin de l’hiver jusqu’à l’arrivée de la fleur d’ail en juin. »