Ruralité

Apiculture : un appel à préserver la diversité florale

Madeleine Chagnon est chercheure associée au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) et spécialisée en apiculture. La résidente de St-Jude connaît bien les nombreux défis que doivent affronter les apiculteurs, comme le rapportait le Mobiles dans sa livraison d’août. Pour elle, maintenir la diversité des plantes et des fleurs est le meilleur moyen de favoriser les pollinisateurs, incluant les abeilles.

« Il faut réaliser que les pollinisateurs ont besoin de cette diversité florale dans notre environnement, soutient-elle. Nous sommes habitués à ce que tout soit propre autour de nos habitations, qu’il n’y ait pas de broussaille. Or, dans la broussaille, il y a énormément de choses utiles pour les abeilles. C’est important de maintenir ces habitats, quitte à faire le sacrifice de la tondeuse. »

Madeleine Chagnon, chercheure associée au CRSAD et spécialisée en apiculture. (Photo de courtoisie)

Cela passe par de simples gestes : permettre aux pissenlits de fleurir au printemps ou préserver un espace pour les fleurs sauvages, par exemple. « Si tout le monde faisait cela, on aiderait beaucoup les abeilles », soutient-elle.

Comme le rapportait le Mobiles, la mortalité dans les ruches a dépassé les 50 % ce printemps. La principale cause : un parasite nommé Varroa destructor qui cause des ravages dans les ruches, lesquels ne cessent de croître d’une année à l’autre.

Pourtant, les apiculteurs ont des moyens pour combattre ce parasite. « Les traitements fonctionnent bien, indique la chercheure. Pour les gros apiculteurs, ça fait partie de leur routine et ils savent comment les appliquer. »

Malheureusement, ce ne sont pas tous les apiculteurs qui procèdent à ces traitements. Depuis quelques années, de nombreux amateurs se sont découvert une passion pour l’apiculture en se dotant de quelques ruches. Or, ceux-ci négligent les traitements face au Varroa, ce qui permet la propagation de ce parasite aux autres ruchers.

« Être apiculteur demande beaucoup de connaissances et de formation, affirme-t-elle. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait comme un loisir. »

Un ensemble de facteurs

Outre le Varroa destructor, la monoculture et les insecticides sont autant de problématiques qui affectent les abeilles. Le réchauffement climatique joue également un rôle dans la propagation de certains prédateurs.

C’est le cas pour un nouvel insecte qui menace maintenant les ruchers, le petit coléoptère de la ruche. Les femelles pondent leurs œufs dans les rayons de miel, ce qui donne au nectar un mauvais goût. Originaire des États-Unis, l’insecte a gagné l’Ontario et se répand maintenant dans le sud du Québec.

« On savait qu’il s’en venait, indique Madeleine Chagnon. Ce n’était qu’une question de temps. »

Pour l’instant, il n’y a pas de traitement contre cet insecte ravageur.

Malgré toutes ces embûches, la chercheure demeure tout de même optimiste. Les gens sont de plus en plus sensibilisés à l’importance des pollinisateurs dans notre environnement, souligne-t-elle. C’est ce qui incite bien des municipalités et des citoyens à revoir leur approche face à la pelouse.

« Les gens réalisent que la nature doit être protégée. Pour cela, nous avons tous un rôle à jouer. »