Ruralité

Réduction des pesticides : Jocelyn Michon y travaille depuis 40 ans

Jocelyn Michon oeuvre depuis 40 ans à la réduction des pesticides en agriculture. Photo : Nelson Dion

Jocelyn Michon, un agriculteur de La Présentation, près de Saint-Hyacinthe, a été l’un des premiers intervenants à se présenter devant la Commission sur l’utilisation des pesticides qui s’est tenue le mois dernier à Québec. Les parlementaires voulaient en connaître davantage sur la méthode qu’il emploie depuis des années pour réduire les produits chimiques dans ses champs.

« Il faut garder le plus possible la terre en santé. C’est comme pour l’être humain. Pourquoi consomme-t-on autant de médicaments aujourd’hui? Souvent, c’est à cause des mauvaises habitudes de vie. C’est la même chose pour la terre » a-t-il déclaré à MOBILES quelques jours après sa présentation.

Jocelyn Michon cultive la terre depuis une quarantaine d’années à La Présentation, suivant la trace de ses ancêtres qui le font depuis des générations. Il a toujours eu la volonté d’approfondir ses connaissances sur le métier. Au tout début de sa carrière, il a lu un article dans un magazine américain spécialisé qui parlait d’une pratique culturale assez révolutionnaire : le semis direct permanent.

« Le semis direct est une méthode de production des cultures relativement peu connue du grand public. Semis direct signifie que l’on sème directement dans les résidus de la culture précédente, sans aucun travail de sol, dit-il. Cette technique fait revenir les vers de terre dans les sols et les plants sont par la suite plus forts et résistants aux maladies et aux insectes ravageurs. »

« Au début, c’était risqué »

Mais il a attendu quelques années avant de se lancer dans cette aventure. « C’était risqué, admet-il. C’était l’époque où le labour intensif et l’utilisation massif des herbicides étaient généralisés. Plusieurs craignaient que de revenir à des méthodes plus traditionnelles pouvaient avoir des résultats négatifs sur les rendements ».

Jocelyn Michon oeuvre depuis 40 ans à la réduction des pesticides en agriculture. Photo : Nelson Dion

Or, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Avec l’expérience, cette méthode a généré des gains en productivité. De plus, l’utilisation minimale de la machinerie permet de réduire considérablement l’émission des gaz à effet de serre (GES).  « Il est possible de dire que le semis direct pratiqué chez moi permet d’économiser à chaque année l’équivalent en carburant de ce qui serait nécessaire à 10 voitures pour parcourir 28000 km chacune. Ce n’est pas rien! » avance-t-il. Donc, c’est bon pour l’environnement et pour le porte-feuille.

Une méthode peu répandue

Alors, pourquoi cette méthode n’est-elle pas plus répandue au Québec? Seulement 10% des agriculteurs l’utiliseraient. « C’est bête à dire, mais c’est parce qu’il n’y a rien à vendre, explique-t-il. Ce n’est pas un produit miracle qu’on pourrait acheter, mais seulement un changement de mentalité à adopter ».

Pourtant, Jocelyn Michon travaille depuis des années à répandre « la bonne nouvelle ».  L’expertise qu’il a développée a fait en sorte qu’il s’est retrouvé à la tête de l’association provinciale Action Semis Direct. Il a aussi été le représentant du Québec au Conseil de conservation des sols du Canada. En 2009, l’organisme l’a intronisé à son temple de la renommée en raison de son importante contribution.

 Enfin, l’agriculteur de La Présentation a partagé son expertise un peu partout à travers le Québec. De plus, au cours des 10 dernières années, on lui a demandé à plusieurs reprises de donner des conférences en France et même en Ukraine.

Il espère que le rapport que produira la Commission aura des suites positives pour de saines pratiques et pour l’environnement.