Roger Lafrance
Saint-Damase : le pragmatisme comme arme d’attaque
L’économie est toujours en perpétuel changement. Même si tout va pour le mieux, rien ne garantit qu’il en sera de même demain ou après-demain.
Saint-Damase en est un bel exemple. Municipalité fortement agricole, elle compte aussi plusieurs entreprises d’importance, la plupart dans le domaine agroalimentaire. Pourtant, elle perdra bientôt deux grandes usines, Exceldor, qui cherche un nouvel emplacement, et Agropur, qui mettra fin à ses activités dans quelques mois. Mettons que la municipalité a déjà vécu des jours meilleurs.
Néanmoins, quand on questionne le maire de la municipalité, Christian Martin, il se montre plutôt pragmatique et aucunement découragé. « L’usine d’Agropur a un bon potentiel pour une entreprise agroalimentaire qui chercherait un site pour relocaliser sa production », affirme-t-il.
Saint-Damase demeure tout de même un centre industriel d’importance dans la région. La municipalité compte plus de 1000 emplois industriels. Toutefois, selon les estimations, le départ de ces deux usines affecterait 30 % des emplois de la localité.
Exceldor projette de relocaliser son abattoir de volaille et ses quelque 300 emplois en raison de la vétusté de ses installations. Cependant, son départ n’est pas pour demain. Le terrain qu’elle convoitait à Saint-Hyacinthe n’a pas reçu le feu vert de la CPTAQ, et il faut aussi calculer le temps pour construire l’usine.
La décision d’Agropur de fermer sa fromagerie en avril a causé une certaine surprise, selon M. Martin. Agropur venait d’investir des sommes importantes pour moderniser ses installations et l’avenir semblait prometteur, mais ses dirigeants en ont décidé autrement en transférant la production dans une autre usine de la Beauce.
Qu’adviendra-t-il de cette usine ? Christian Martin n’en sait trop rien. « Agropur était censée nous revenir en janvier là-dessus, mais on n’a toujours pas eu de nouvelles. On va les rappeler bientôt pour connaître leurs intentions. L’usine sera-t-elle transformée en entrepôt ? Sera-t-elle à vendre ? C’est ce qu’on veut savoir. »
Cette série de mauvaises nouvelles démontre aussi la fragilité des plus petites municipalités face à leur économie, surtout que ces décisions sont souvent prises par de grandes entreprises. Saint-Simon et Saint-Valérien s’en souviennent encore amèrement.
Pour Christian Martin, l’enjeu dans sa municipalité est surtout le maintien des services de base. Depuis déjà plusieurs années, Saint-Damase n’a plus d’épicerie. La disparition de tant de travailleurs se fera sentir sur les autres commerces du village : dépanneur, station-service, restaurant, entre autres.
Malgré tout, il demeure optimiste. Saint-Damase est bien située, dans un environnement fortement agricole, et pourrait accueillir de nouvelles usines intéressées à reprendre le flambeau. Elle compte aussi d’autres entreprises qui vont bien : Olymel, Spécialités Lassonde, Les Meubles Saint-Damase et Les Serres Beauregard, notamment.
Pour Christian Martin, Saint-Damase saura se relever. Après tout, l’économie est bien un éternel recommencement.
C’est un village fantôme il
C’est un village fantôme il ne faut pas ce le cacher