Société

Hommages au grand-coeur du centre-ville

François Grisé laisse dans le deuil sa conjointe, Natasha Talbot, sa mère, Monique Joyal, son frère, Benoît Grisé et ses enfants ainsi que les membres de sa famille. L’équipe du Jour- nal Mobiles souhaite ses plus sincères condo- léances aux membres de la famille ainsi qu’aux proches de François Grisé. Photo Patrick Roger Photographe

Indispensable à la vie, le cœur est l’organe qui pompe le sang à travers les artères, les veines et les différents vaisseaux sanguins. Il nourrit l’organisme. Sans lui, le corps cesse de respirer et se meurt. François Grisé était, à sa façon, le cœur d’un centre-ville animé, dynamique, et où il faisait bon vivre ces dernières années, à Saint-Hyacinthe. Malheureusement, ce cœur s’est éteint vendredi soir.

Vendredi, en fin d’après-midi, aux alentours de 16 h 15, François Grisé roulait sur sa moto quand la grande Faucheuse l’a emporté avec elle dans le néant. Ce dernier a chuté, alors qu’il négociait une courbe sur le rang Bourgchemin Ouest, à Saint-Hughes. La Sûreté du Québec a confirmé son décès le lendemain. La mort de ce grand homme d’affaires maskoutain a été constatée dès son arrivée au Centre hospitalier Honoré-Mercier.

François Grisé laisse dans le deuil sa conjointe, Natasha Talbot, sa mère, Monique Joyal, son frère, Benoît Grisé et ses enfants ainsi que les membres de sa famille. L’équipe du Jour- nal Mobiles souhaite ses plus sincères condo- léances aux membres de la famille ainsi qu’aux proches de François Grisé. Photo Patrick Roger Photographe

La nouvelle est tombée quelques heures plus tard dans les médias. L’état de choc de la communauté maskoutaine était complet. Les artisans du milieu des affaires, des anciennes employées, des personnes qui l’avaient connu personnellement en siégeant sur l’un des nombreux comités où François Grisé s’est impliqué toutes ces années, et même certains politiciens vivaient le deuil.

Ami et connaissance de longue date, le conseiller municipal du district Cascades, Jeannot Caron, a été assommé par la nouvelle. Samedi, Jeannot a passé une longue partie de sa journée assis devant Le Bilboquet, endroit où il a connu François Grisé. Pendant plusieurs heures, il rêvassait à toutes ces discussions et ces interactions vécues avec ce dernier. Pour lui, François Grisé, c’était « un cœur sur deux pattes ».

« Quand je vivais dans la rue, François [Grisé] me laissait vendre des bijoux et des objets sculptés dans son commerce, sans même que je consomme. Il savait que ça me permettait d’acheter des cigarettes, de la nourriture et plein de choses utiles pour subvenir à mes besoins. C’était un homme qui avait bon cœur », a ajouté Jeannot Caron, en entrevue téléphonique, samedi matin.

Un entrepreneur dédié à sa communauté

François Grisé a racheté Le Bilboquet en 1996. On parlait, à ses débuts, d’une toute petite scène où des conteurs émergents venaient se produire à l’occasion. À l’époque, Anne-Marie Aubin était bénévole dans les organismes des arts vivants, au centre-ville de Saint-Hyacinthe, en plus d’être enseignante en littérature au Cégep de Saint-Hyacinthe.

Elle se souvient que François lui avait confié le mandat d’organiser des événements culturels dans sa microbrasserie. Tous ceux qui ont eu la chance de se produire dans ce qu’était Le Bilboquet d’autrefois n’en gardent que de bons souvenirs.

« Il a toujours respecté les artistes. Il payait de sa poche les conteurs qui venaient et il s’assurait qu’ils ne manquent de rien. Ça n’a jamais été une question d’argent. C’était un véritable passionné des arts de la scène. Il affectionnait particulièrement les conteurs », s’est rappelée celle qui agissait comme directrice artistique à l’époque.

Pour les gens qui l’ont bien connu, son décès tragique est dur à avaler. Employée durant quatre ans au Bilboquet, dans les années 2000, Alexandra Gibeault a été frappée de plein fouet quand elle a appris la tragédie. Pour elle, son patron était un homme bon qui prenait le temps d’écouter les projets de ses clients et de ses employés.

« La première chose qui me vient en tête, c’est un homme d’une générosité sans fin, et ce, à tous les niveaux, toujours bienveillant et intéressé aux projets des autres, s’est remémorée Alexandra Gibeault. J’ai eu des discussions incroyables avec lui ; elles me marquent encore aujourd’hui. »

Il fut le premier publicitaire du média communautaire écrit que vous lisez aujourd’hui. Il a toujours cru à l’importance du Journal Mobiles comme média maskoutain.

Un homme respecté dans la communauté

Impliqué durant de nombreuses années comme administrateur de la SDC (Société de développement commercial) centre-ville, puis comme président de l’organisme qui représente les commerçants et entrepreneurs au centre-ville de Saint-Hyacinthe, François Grisé a défendu bon nombre de dossiers qui lui ont parfois valu des caricatures dans Le Courrier. Celle qui a eu la chance de le côtoyer lorsqu’il était président de la SDC centre-ville, l’entrepreneure Jausée Carrier, abonde dans le même sens que les trois autres témoignages. Pour elle, François Grisé, c’était un gars avec un cœur plus grand que nature. Il était toujours prêt à embarquer dans les projets. Il voulait venir en aide aux autres.

« Les gens ont tendance à l’oublier, mais c’est lui qui a mené le dossier du retrait de plus de 130 horodateurs au centre-ville. Ce fut un gain considérable pour les commerçants du secteur, et les gens étaient généralement satisfaits du travail qu’il avait accompli », a tenu à préciser Jausée Carrier.

Même sa compétitrice indirecte depuis 2011, la copropriétaire du bar de spectacles Le Zaricot, Joëlle Turcotte, n’avait que de bons mots pour l’ancien propriétaire de la microbrasserie Le Bilboquet. Elle se souvient qu’il était prêt à embarquer dans bon nombre de projets. Pour elle, François Grisé n’était pas un adversaire, mais bien une alternative à ce qu’elle offrait dans son établissement licencié.

« J’ai été un peu sous le choc quand j’ai appris la nouvelle. Je le connaissais quand même, puisque nous nous étions croisés souvent dans les événements de la SDC au cours des dernières années. C’était vraiment une personne souriante, et j’avais énormément de respect pour ce qu’il avait accompli », a-t-elle expliqué.

Certes, le centre-ville maskoutain ne sera plus jamais le même. Heureusement, les gens qui se promèneront sur la rue des Cascades n’auront qu’à tendre l’œil vers Le Bilboquet ou encore L’Espiègle pour se souvenir que son empreinte et son legs, eux, seront éternels.