Société
8 mars, Journée internationale des droits des femmes

La condition féminine toujours au cœur des préoccupations

Mandoline Blier, co-coordonnatrice au Centre de femmes l’Autonomie en soiE (CFAES) de Saint-Hyacinthe

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, le Journal Mobiles a discuté avec quelques femmes impliquées dans la communauté maskoutaine et le constat est clair : il reste encore beaucoup de travail à faire pour l’amélioration de la condition des femmes.

Impliquée au sein de plusieurs organismes depuis une vingtaine d’années et membre de la Coalition des femmes de la MRC Les Maskoutains (CO-FEMM), Lyne Goulet s’est toujours battue pour l’avancement de la condition féminine. « C’est une cause qui m’interpelle. Il va falloir recommencer à revendiquer, car nous sentons un recul dans les conditions de vie des femmes. Il y a eu une vague de féminicides au début de l’année 2021. Trop de femmes ne bénéficient pas encore d’une autonomie financière. Ce sont surtout des femmes qui travaillent dans les secteurs tertiaires et communautaires, là où les salaires sont les moins élevés », indique-t-elle.

Pour Mme Goulet, pour éviter de reculer, il faut s’assurer d’avoir plus de femmes en politique et dans des postes décisionnels. Elle estime que ce n’est pas tout d’avoir une parité hommes-femmes au Conseil des ministres. Elle considère qu’il faut que des femmes occupent des ministères importants, ce qui n’est pas encore le cas. Mme Goulet souhaite que les femmes prennent davantage confiance en elles.

Lyne Goulet, porte-parole de la Coalition des Femmes de la MRC Les Maskoutains (CO-FEMM)

« On ne peut pas tout savoir en commençant, mais on peut apprendre comme le font les hommes. Il faut arrêter de penser que nous ne sommes pas capables. Nous avons les moyens d’investir les lieux de pouvoir qui sont encore trop réservés aux hommes. »

Mme Goulet trouve inquiétant de réentendre des discours contre l’avortement dans l’entourage de certaines formations politiques, dont le Parti conservateur du Québec.

Relance de l’organisme CO-FEMM

Même si l’organisme CO-FEMM n’a pas tenu d’activité le 8 mars pour souligner l’événement en raison du contexte incertain lié aux mesures sanitaires pour combattre la COVID-19, la trésorière de l’organisme, Jubilee Laraguibel, précise que la promotion des droits des femmes demeure une question d’actualité et que l’organisme reprendra ses activités au cours des prochaines semaines. Lyne Goulet et elle invitent les femmes intéressées à s’impliquer à se manifester.

Mme Laraguibel mentionne que la Maison de la Famille va organiser une activité en lien avec les revendications féministes d’ici la fin du mois de mars, sans avoir plus de détails à dévoiler pour le moment.

Inégalités et discriminations

La crise sanitaire a mis au jour les inégalités et les discriminations systémiques vécues par les femmes, que ce soit à titre de travailleuses ou de citoyennes.

Le Centre de femmes l’Autonomie en soiE (CFAES) de Saint-Hyacinthe a proposé à ses membres une réflexion sur le thème de la journée du 8 mars « L’avenir est féministe ». Il en ressort qu’il y a encore beaucoup de choses à améliorer. « La violence faite aux femmes est toujours présente et cela nous préoccupe. Les nombreux féminicides dans la dernière année ont marqué nos membres. Nous œuvrons à l’égalité entre les hommes et les femmes. Aussi, nous n’avons pas toutes les mêmes réalités, mais souhaitons une équité entre les femmes. C’est ce qui a été mentionné dans nos discussions », rapporte la co-coordonnatrice du Centre, Mandoline Blier.

Mandoline Blier, co-coordonnatrice au Centre de femmes l’Autonomie en soiE (CFAES) de Saint-Hyacinthe

La mission du Centre se veut la plus inclusive possible. Mme Blier constate que la pandémie a amené diverses formes de violence, du stress, de l’instabilité, de l’anxiété et de la pauvreté pour plusieurs femmes. Elle ajoute que la crise du logement à Saint-Hyacinthe est une grande source d’angoisse pour plusieurs membres de son organisme.

Mandoline Blier souligne que les femmes travaillent majoritairement dans des domaines comme la santé, l’éducation, les garderies et le milieu communautaire. Des secteurs où les besoins sont criants avec des ressources insuffisantes. « Espérons que la pandémie aura permis de reconnaître l’importance de ce travail. Le mouvement communautaire peine à offrir de bonnes conditions à ses travailleuses par manque de financement », lance-t-elle.

Liberté et solidarité

Cette année, la Journée internationale des droits des femmes a mis l’accent sur la nécessité d’agir pour un monde tissé de liberté, de solidarité, de justice, de paix et d’équité.

À titre d’exemple, bien qu’il y ait eu reprise des activités économiques dans de nombreux secteurs, les femmes accusent encore un retard quant à leur retour au travail. Ainsi, en septembre 2021, elles étaient moins nombreuses en emploi qu’elles ne l’étaient avant la pandémie, alors que chez les hommes, le niveau d’emploi observé au même moment était identique à celui de septembre 2019, soit avant la crise sanitaire.