Société

Le droit à l’information existe-t-il au CISSS ?

L’accès à l’information fait partie des fondements de toute démocratie. C’est encore plus vrai en temps de crise, comme celle que nous vivons actuellement avec la pandémie.

Le gouvernement de François Legault peut être cité comme l’exemple à suivre. La « messe de 13 heures » du trio de choc François Legault/Horacio Arruda/Danielle McCann a permis non seulement d’informer la population, mais aussi de la mobiliser face à la pandémie. Mettre le Québec sur pause en stoppant l’économie et en confinant les Québécois à domicile, personne n’aurait pu imaginer cela en début d’année. Nous l’avons fait sans trop rouspéter.

Qu’en est-il localement ? Quelle note pourrait-on donner au CISSS de la Montérégie-Est ? De quelle façon cette organisation a-t-elle informé la population locale et régionale ?

Force est d’admettre que le CISSS a opté pour le silence radio. Pour savoir ce qui se passait dans le réseau de la santé et des soins aux aînés, il fallait plutôt se référer aux informations données par l’Institut national de santé publique du Québec ou par le gouvernement du Québec.

Certes, ce qu’on pouvait y lire était plutôt rassurant. Même si la Montérégie était considérée comme une région critique, le territoire maskoutain a semblé plutôt épargné par la COVID-19. À la mi-avril, même si Saint-Hyacinthe comptait 27 personnes atteintes par le virus, aucun cas n’était annoncé dans les CHSLD et les résidences privées de la ville.

Des cas non déclarés

Pourtant, l’Hôtel-Dieu hébergeait bien huit personnes atteintes par le virus que l’établissement refusait de dévoiler. Pourquoi ? « Ces résidents proviennent de résidences privées pour aînés ou de ressources intermédiaires », indiquait le porte-parole du CISSS, Hugo Bourgoin.

Pour l’Hôtel-Dieu, ces cas n’existaient pas. Ils appartenaient à leurs lieux d’hébergement. Provenaient-ils de résidences privées sur le territoire ? Aucune information ne fut donnée. Officiellement, le premier cas de COVID-19 à l’Hôtel-Dieu est apparu le 23 avril sur la liste des milieux de vie établie par le gouvernement du Québec.

Dans les faits, si la population a été informée de ce qui se passait au CISSS depuis plus d’un mois, c’est grâce aux employés et au syndicat qui ont alerté les journalistes. Ce sont eux qui ont avisé les médias qu’une section de l’Hôtel-Dieu avait été vidée pour accueillir les aînés qui étaient déclarés positifs ou qui étaient en attente d’un résultat. Plusieurs employés étaient inquiets, avec raison, de voir arriver des personnes atteintes dans un milieu de vie de 400 résidents.

Ce sont aussi des employés qui ont informé les médias que certains de leurs collègues continuaient de circuler entre la zone chaude et les autres secteurs de l’Hôtel-Dieu, malgré tout le danger de propagation du virus. Là encore, le porte-parole du CISSS a dû rectifier ses propos émis la semaine précédente.

La région a semblé plutôt épargnée par la propagation du virus. En soi, il s’agissait d’une nouvelle que le CISSS aurait eu avantage à diffuser, non pour s’en vanter, mais simplement pour rassurer une population qui regardait avec horreur ce qui se passait à Montréal.

Une vidéo révélatrice

La page Facebook du CISSS est assez révélatrice de ce que pense l’organisation du droit à l’information. En dehors des appels au recrutement de personnel, on y retrouve une vidéo plutôt « discutable », mise en ligne le 15 avril, journée où le nombre de victimes atteignait près de 50 au Québec.

Dans cette vidéo, la PDG du CISSS, Louise Potvin, discute avec la directrice des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques, Vicky Lavoie, pour signaler à quel point tout va bien au sein du réseau et du personnel. Une vidéo qui détonne quand on sait qu’au même moment, les CHSLD sont au bord de la catastrophe. Il ne manque qu’un verre de « vino » et un feu de foyer pour compléter l’atmosphère.

Si le gouvernement Legault peut être cité en exemple, notre CISSS n’est certainement pas l’exemple à suivre en matière d’information des citoyens.