Société

Le suicide : en parler pour le prévenir

Michel Desbiens, psychologue clinicien et scolaire

Après la 29e semaine de prévention du suicide qui se tenait du 3 au 9 février, il semble toujours important de poursuivre la discussion sur la prévention et les effets du suicide. L’automne dernier, monsieur Michel Desbiens a prononcé une conférence intitulée Le suicide : les impacts sur les proches et la société au Complexe funéraire Ubald Lalime.  Michel Desbiens, psychologue clinicien et scolaire, y a exploré différents aspects du suicide et de son impact sur les proches et sur la société.

Le phénomène du suicide

De façon paradoxale, le suicide est un phénomène qui touche durement les pays les plus favorisés. Ici, au Québec, les statistiques les plus récentes font état de 1046 suicides par année (2016). Il s’agit de trois suicides par jour. Trois fois plus d’hommes que de femmes se suicident et le groupe d’âge le plus touché est celui des 50 à 64 ans.

Le processus suicidaire est graduel. La personne souffrante envisage d’abord plusieurs solutions pour sortir de sa souffrance, dont le suicide. Puis les autres solutions iront s’amenuisant et le suicide finira par apparaître comme l’unique solution. La personne souffrante déforme la réalité et ne veut pas nécessairement se donner la mort. Ce qu’elle veut, c’est mettre fin à une souffrance qui lui est devenue intolérable.

Impacts sur les proches

Chaque suicide touche environ 50 personnes. La famille proche et éloignée, les amis, les collègues de travail et les aidants professionnels vivront un sentiment d’impuissance et d’incompréhension face au geste commis par leur proche.

Michel Desbiens, psychologue clinicien et scolaire

Le deuil d’une personne qui s’est enlevé la vie est différent d’autres deuils tragiques. Par exemple, quand quelqu’un meurt d’une crise cardiaque, la mort est soudaine, mais sans intention. Lors d’un suicide, le deuil est provoqué par la personne décédée elle-même. 

Cela laisse place à beaucoup de questions sur les raisons du suicide. Pour bien vivre leur deuil, les personnes devront se détacher de la raison du décès (qu’elles ne connaîtront jamais) pour aller vers la tristesse de la perte de la personne. Ce deuil est profond et fait mal. La colère due au décès par suicide est grande. Le suicide est un geste violent et les émotions qu’il génère sont multiples : tristesse, culpabilité, colère, incompréhension.

Le deuil peut devenir traumatique selon les circonstances l’entourant. Une personne endeuillée par un suicide pourrait vivre du stress post-traumatique, obséder sur le pourquoi, sur ce qu’elle aurait pu faire, avoir des pensées suicidaires, devenir fragile à la dépression. Il est très important pour la personne endeuillée d’aller chercher de l’aide pour s’en sortir.

Impacts sur la société

Le suicide a aussi un impact significatif sur la société. Le décès de 1046 personnes au Québec, dont plusieurs dans la force de l’âge, est tragique. De plus, chaque année, environ 27 500 interventions sont réalisées auprès de personnes ayant fait une tentative de suicide, dont près de 2 900 nécessiteront une hospitalisation.

L’importance de la prévention

Le suicide a longtemps été un sujet tabou. Pourtant, il est important d’en parler. Plus il y aura de gens qui connaissent les signes précurseurs d’un suicide, plus il sera possible d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

L’identification de l’intention suicidaire ou du passage à l’acte n’est pas facile, même des professionnels de la santé mentale peuvent s’y tromper. C’est pourquoi les proches ne doivent pas se culpabiliser. Tout au plus, en présence de certains indices, peuvent-ils adresser directement la question à la personne souffrante.

La personne peut parler de suicide ou dire des choses telles: je suis inutile, la vie ne vaut pas la peine, etc. Des comportements tels le fait de s’isoler, de mettre de l’ordre dans ses affaires personnelles, de rédiger un testament ou de développer un intérêt pour les armes peuvent aussi être des signes.

Parfois, les problèmes sont plutôt dissimulés par une énergie débordante ou encore par une forme de pseudo sérénité, un calme qui ne s’appuie sur rien de concret et qui est souvent le résultat d’une prise de décision de passer à l’acte.  Des indices émotionnels et cognitifs tels la tristesse, le découragement, l’irritabilité et les difficultés de concentration sont d’autres signes possibles.

Les ressources

Monsieur Desbiens connaît très bien son sujet et insiste plus d’une fois sur l’importance de la prévention. Parler du suicide est nécessaire. Les connaissances peuvent permettre à tous de mieux accompagner quelqu’un qui souffre et à diriger la personne vers les bonnes ressources avant qu’un geste irrémédiable n’ait été commis.

 

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