Société
À SAINT-HYACINTHE

LOGEMENT SOCIAL : 2 MILLIONS $ EN ATTENTE

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Pas moins de 2 millions $ attendent dans les coffres de la Ville de Saint-Hyacinthe pour la réalisation de logements sociaux. Et ce n’est pas la volonté politique qui fait défaut, mais peut-être la réticence de certains citoyens ayant le fâcheux réflexe du « pas dans ma cour ».

C’est ce que nous avons appris lors d’une rencontre organisée par Solidarité populaire Richelieu-Yamaska (SPRY) qui a eu lieu le 16 octobre dernier et à laquelle plusieurs organismes communautaires participaient.

L’an dernier, MOBILES rapportait qu’un immeuble locatif de 24 logements pourrait voir le jour sur un terrain appartenant aux Sœurs de la Présentation de Marie, rue Larivée, derrière le Collège Saint-Maurice. Il était destiné à des personnes âgées autonomes.

Par la suite, les résidents du secteur ont été conviés à une réunion d’information pour leur présenter le projet. Des représentants de la Ville, de l’Office municipal d’habitation (OMH), du Groupe de ressources techniques (GRT) et du groupe de femmes  « 8Marskoutaines » étaient là pour livrer tous les détails du projet.

En gros, selon la formule concoctée par les 8Marskoutaines, ces logis seraient offerts à des personnes âgées vivant actuellement dans une coopérative d’habitation. Selon leur recherche, plusieurs de ces personnes habiteraient dans des logements maintenant trop grands pour eux, suite au départ des enfants ou au décès d’un conjoint. En les libérant, elles permettraient à de jeunes ménages avec enfants d’accéder à un grand logis abordable.

Pas dans ma cour !

Or, quelque temps après cette rencontre, des résidents du secteur ont fait parvenir à la Ville de Saint-Hyacinthe une mise en demeure l’enjoignant « d’annuler immédiatement » le projet en question.

Dans la missive, dont MOBILES a obtenu copie, il est écrit : « Nous désirons aucun immeuble du genre proposé sur notre rue, nous favorisons plutôt la construction d’un immeuble en copropriété divise sur ce terrain. »

« De plus, l’implantation d’un tel immeuble affecterait l’homogénéité du caractère propriétaire – occupant, la logique de l’ensemble du développement de la rue Larivée-ouest et aussi la valeur économique des propriétés. »

Bref, on veut des condos et des propriétaires comme voisins, point à la ligne ! Ils ne veulent surtout pas qu’un HLM vienne baisser la valeur de leurs propriétés. (On a appris par la suite que le terrain était contaminé. En effet, on y aurait enfoui des déchets, il y a plusieurs années.)

Des préjugés courants, mais non fondés

Ces préjugés envers le logement social sont courants, selon Diane Gingras, l’une des 8Marskoutaines qui pilote le projet depuis le début. « Le préjugé le plus répandu est peut-être celui qui veut qu’une habitation à loyers modiques va faire baisser la valeur des propriétés voisines. »

Diane Gingras. (Photo PHF)

« Or, c’est faux! De nombreuses études le prouvent. Ces logements ne sont pas abordables parce qu’ils sont construits avec des matériaux à bon marché. Ils sont abordables parce qu’ils bénéficient de l’aide gouvernementale. En plus, la construction doit respecter des règles strictes, des normes techniques sévères. »

Mais les préjugés de certains citoyens ne constituent pas le seul problème auquel doit faire face la petite équipe qui recherche actuellement un endroit pour bâtir ces nouveaux logements sociaux. Les terrains vacants sont rares et ils appartiennent bien souvent à des propriétaires qui attendent « la bonne affaire ».

Le problème est d’autant plus aigu que l’on recherche non seulement un, mais deux espaces pour construire deux édifices de 24 logements. En effet, un autre projet a été mis sur pied et il s’adresse, celui-là, à des familles. On compte y aménager des logis comprenant deux, trois et même quatre chambres à coucher : une denrée rare à Saint-Hyacinthe.

Les projets auraient déjà reçu les autorisations du gouvernement du Québec via son programme Accès-Logis. Quant au gouvernement fédéral, on n’y compte plus, en raison de son désengagement du logement social.

300 ménages en attente

Le temps presse puisque la liste d’attente de l’OMH, l’organisme qui gère le logement social à Saint-Hyacinthe, ne cesse d’augmenter. Les dernières statistiques disponibles révèlent qu’environ 300 ménages ont fait une demande et ils seraient admissibles à un logement subventionné, répondant à des critères très stricts.

(Photo: PHF)

Actuellement, l’OMH administre 629 logements sociaux sur le territoire maskoutain. Il faut ajouter à cela les 15 coopératives d’habitation qui comptent chacune quelques maisons. Mais à l’évidence, ce n’est pas suffisant.

Lors de la rencontre organisée par le SPRY, France Robillard, organisatrice communautaire au CSSS Richelieu-Yamaska, a montré un tableau sur lequel on identifiait tous les logements sociaux (HLM, coops et autres) disséminés dans la municipalité.

Pour certains, le nombre pourrait paraître important. Mais il reste que depuis plusieurs années, les nouvelles constructions se font rares en raison du désengagement du gouvernement fédéral et des nouvelles règles du jeu qui compliquent la réalisation des projets, même s’ils répondraient à des besoins urgents.

Il ne faudrait pas que les préjugés des citoyens viennent, en plus, compliquer les choses…