Société

Nuit des sans-abri : De l’impro pour dénoncer

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Encore une fois le mois dernier, la Nuit des sans-abri a pris place au parc Casimir-Dessaulles de Saint-Hyacinthe. Mais cette année, le comité organisateur avait réservé une nouveauté : des capsules d’improvisation pour dénoncer les situations qui mènent à la pauvreté.

L’idée a germé à la Maison alternative de de développement humain (MADH) au début de l’été dernier. Natacha Laplante, une intervenante au sein de l’organisme, a d’abord approché un improvisateur d’expérience qui s’adonne à cet exercice depuis une vingtaine d’années, soit comme joueur, arbitre ou animateur d’ateliers.

Dès le départ, Dan Bonin a été séduit par le projet. « C’était très motivant parce qu’il y avait une réelle cause sociale derrière ça », a-t-il confié au journal MOBILES.

À partir du mois de juin, les ateliers ont débuté à raison de deux heures par semaine. Le noyau du groupe était formé par de jeunes adultes qui avaient résidé récemment à MADH et par des stagiaires. Personne n’avait déjà improvisé en public, sauf l’intervenante Natacha Laplante qui a été membre de la Ligue d’amateurs d’improvisation théâtrale (la LAIT).

L'équipe d'impro de MADH : Carmen Huet, ex-stagiaire, Marie-Pier Dupont et Marie-Pier Hallé, ex-résidentes, Sophie Pouliot, stagiaire actuelle, Natacha Laplante, intervenante, Dan Bonin, collaborateur et Loik Mongeau, ex-résident. Photo : Gracieuseté MADH.

Le soir de l’événement, ils ont livré trois improvisations mixtes de dix minutes portant tour à tour sur l’accès à l’aide sociale, la loi 25 qui limite celle-ci et le dénombrement des itinérants exigé par les gouvernements. Dan Bonin agissait comme arbitre et surtout comme présentateur.

« Ça donne confiance en soi »

Les ateliers donnés précédemment par ce dernier ont permis d’élaborer un cadre aux prestations, une structure, mais les participants ont tout de même improvisé des répliques, parfois basées sur des expériences vécues

« Ça fait du bien de pouvoir dire tout haut ce que l’on pense tout bas, a témoigné Loik Mongeau, l’un des participants. Ça donne confiance en soi. Et les situations que nous avons dénoncées, ça se passe vraiment comme ça dans la vraie vie ».

À la première impro, par exemple, les deux équipes ont pu mettre en évidence l’approche souvent inhumaine qu’on réserve aux personnes qui font une demande d’aide sociale. À travers un humour parfois grinçant, le public présent a pu se rendre compte des situations absurdes auxquelles ces gens sont confrontés. « Mais il faut quasiment l’avoir vécu pour comprendre » remarque Loik Mongeau.

La participation de Christian Vanasse

Dan Bonin a trouvé l’expérience gratifiante pour lui et pour l’équipe. « On est parti de zéro et à mesure que les rencontres avaient lieu, on sentait que la solidarité s’installait » commente celui qui a pourtant vécu toutes sortes de situations ayant participé, notamment, à cinq tournées européennes.

C’est ainsi qu’il a pu demander à son camarade de jeu, Christian Vanasse, de se joindre au projet d’impro proposé par MADH. « Il n’était pas obligé, mais il a participé généreusement » a commenté Dan Bonin.

Le soir de d’événement, le pro de la LNI s’est mêlé au groupe, changeant d’équipe à chaque prestation. À un moment donné, son personnage était un politicien qui défendait bêtement les mesures de restriction à l’aide sociale… jusqu’au moment où il se rendit compte que sa propre sœur vivait une situation de pauvreté après de multiples déboires.

En cela, il rejoignait parfaitement le thème de l’événement : « Personne n’est à l’abri ».