Société

ON A CAUSÉ SYNDICALISME

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Le syndicalisme est-il toujours pertinent en 2013 ? C’est la question abordée mardi dernier lors d’une rencontre organisée par Solidarité populaire Richelieu-Yamaska (SPRY).

Pierre Harnois, Michel Daigle, Gaétan Gingras et Robert Marquette. (Photo: PHF)

Pour y répondre, on avait invité Pierre Harnois, membre du syndicat des travailleurs et travailleuses de l’Hôtel des seigneurs (CSN), Michel Daigle et Gaétan Gingras, respectivement président et vice-président du syndicat des travailleurs d’Olympia (CSN). Robert Marquette, retraité de la CSN et président de SPRY, agissait comme animateur.

Pierre Harnois fait partie du comité de négociation qui tente de trouver une issue au conflit de travail à l’Hôtel des seigneurs de Saint-Hyacinthe. Bien sûr, des questions lui ont été posées sur l’état de la situation.

Rien de nouveau depuis la ronde de négociations qui s’est terminée abruptement le 13 février dernier alors que le président de la compagnie SilverBirch, propriétaire de l’hôtel, a refusé de donner le mandat à son porte-parole de négocier sur deux points particuliers.

« Le premier point concerne ce qu’ils appellent le plan vert : un beau nom à la mode pour faire avaler la pilule, explique Pierre Harnois. En fait, ils proposent aux clients des tarifs réduits pour les chambres en contrepartie de services réduits comme le lavage moins fréquent des draps, par exemple. Ça paraît plus écologique… ».

« Mais dans les faits, poursuit-il, cette mesure aurait pour conséquence de réduire le nombre d’heures travaillées par les préposés aux chambres et à l’entretien général, ce qui causerait des pertes d’emplois très importantes ».

L’autre point litigieux est plus complexe pour ceux qui ne sont pas familiers aux dispositions des conventions collectives. En bref, le syndicat veut protéger ses membres contre une éventuelle vente du Centre des congrès rattaché à l’hôtel. Suite aux changements effectués au Code du travail par le gouvernement Charest, en 2003, les employés conserveraient leur accréditation syndicale, mais perdraient leur convention collective précédemment négociée. Une situation que le syndicat ne peut accepter.

Protéger les acquis

Selon Pierre Harnois, les luttes qu’ont menées les syndicats depuis plusieurs années ont considérablement amélioré la situation de l’ensemble des travailleurs. « Malheureusement, aujourd’hui, on se bat davantage pour conserver nos acquis plutôt que pour obtenir des gains » déplore-t-il.

D’ailleurs, Michel Daigle et Gaetan Gingras, du syndicat des travailleurs d’Olympia, étaient là pour en témoigner. En lock-out depuis 65 mois, les travailleurs de l’usine de Saint-Simon se battent toujours pour des griefs déposés contre la compagnie Olymel.

« Au cours du mois de mai, nous devions avoir des auditions qui devaient se tenir à l’Hôtel des Seigneurs, mais compte tenu de la grève de nos camarades, nous allons les tenir ailleurs » a précisé Michel Daigle.

La solidarité est le mot clé des luttes que mènent les syndicats. Mais à l’heure où la tendance générale est plutôt à l’individualisme, il faut travailler encore plus fort pour convaincre les travailleurs de se tenir ensemble, estiment les syndicalistes présents.

Les avantages des syndiqués

Selon Pierre Harnois, les statistiques sont là pour démontrer les avantages qu’apporte la syndicalisation.

Au plan salarial, par exemple, l’Institut de la statistique du Québec révèle qu’il y a un écart de 20% entre le salaire d’un employé syndiqué et celui d’un employé non syndiqué.

Au chapitre des vacances, les Normes minimales de travail prévoient trois semaines après cinq ans de travail continu alors que les conventions collectives des employés syndiqués offrent en moyenne quatre semaines de vacances.

Pour les congés fériés et les congés de maladie rémunérés, il est évident que le travailleur syndiqué y gagne également. Même chose pour les assurances collectives. Une enquête datant de 2002 nous apprend que 69% des salariés syndiqués ont une couverture d’assurance complète contre 37% pour les non syndiqués.

Quant aux régimes de retraite, la différence est encore plus marquée : 80% des salariés syndiqués en bénéficient tandis que seulement 27% des non syndiqués y ont droit.

« Tous ces gains sont le résultat des luttes que nos prédécesseurs ont menées. Malheureusement, aujourd’hui, certains ont tendance à l’oublier » estime Pierre Harnois.

Un constat que partage Robert Marquette qui déplore que les grandes luttes syndicales ne fassent pas partie des cours d’Histoire enseignés à l’école. Mais ça, c’est une autre histoire…