Société

Une rentrée scolaire pour le moins fragile dans la région maskoutaine

Qui dit septembre dit également rentrée des classes pour des milliers d’enfants dans les écoles primaires et secondaires de la région maskoutaine. Photo : Freepik

Qui dit septembre dit également rentrée des classes pour des milliers d’enfants dans les écoles primaires et secondaires de la région maskoutaine. Autant dans la ville-centre de Saint-Hyacinthe que dans le reste de la MRC, les écoles sont sous contrôle selon le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH), mais il y a un important bémol.

« On vous dira qu’il y a 97 ou 99% des postes qui sont comblés, mais on ne vous dira pas le ratio d’enseignants formés avec brevet. On va vous parler d’adultes dans une classe, ce qui est fort préoccupant pour la qualité de l’enseignement », d’expliquer le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Patrick Théroux.

Ce sont effectivement les chiffres présentés par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe le 12 septembre dernier. Dans un courriel transmis par la personne responsable des relations avec les médias pour le CSSSH, celle-ci avance que les postes d’enseignants du primaire sont comblés à 99%, alors qu’il manquerait seulement 3% des enseignants au secondaire.

Questionnés sur le prorata des enseignants formés avec brevet, aucun chiffre n’a été avancé par l’organisation. Selon le président syndical Patrick Théroux, il y avait environ 10% des enseignants non-brevetés lors de la dernière année scolaire. Celui-ci est persuadé que le nombre a considérablement bondi en 2023.

« Nous avons demandé les chiffres, mais nous n’avons rien reçu encore. Je ne serais pas surpris que si nous étions à 10% l’an dernier, que là cette année, nous serions à 15 ou 20% », a renchéri Patrick Théroux.

De son propre aveu, les enseignants non-brevetés ne sont aucunement à blâmer. Au contraire, les personnes qui décident de s’impliquer dans le milieu scolaire sans avoir eu la formation universitaire de quatre ans aident grandement le réseau scolaire déjà sous respirateur selon le principal intéressé.

Une génération sacrifiée?

Lors de l’entretien téléphonique, le représentant du Journal Mobiles a questionné le président du syndicat à savoir si celui-ci pensait que la génération actuellement en primaire et secondaire était sacrifiée par le réseau.

Il a été plus nuancé dans ses propos,  rappelant que certains enseignants non-brevetés possèdent les habiletés dans certaines matières comme les mathématiques. Toutefois, ceux-ci éprouvent parfois des carences en pédagogie. Il a rappelé que les enseignants suivaient un cursus universitaire exigeant d’une durée de quatre ans au cours duquel ils ont vécu quatre stages pratiques dans des milieux scolaires différents.

Dans ce sens, Patrick Théroux remet aussi en doute la planification des formations continues du personnel enseignant. Avec une pénurie de personnel, il déplore le fait que le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe libère un groupe d’enseignants d’un même établissement scolaire pour aller suivre une formation durant une journée, alors que la liste de remplaçants a fondu comme neige au soleil ces dernières années.

« On va jusqu’à demander aux professeurs en éducation physique ou en musique de venir faire des remplacements pour remplacer les enseignants en formation. Ça ne fait pas tellement de sens. On l’a vécu l’an dernier », a-t-il ajouté.

Où est le personnel de soutien?

Si la situation semble résorbée pour la pénurie d’enseignants dans les écoles primaires et secondaires de la région maskoutaine, il y a un manque considérable de techniciens en éducation spécialisée (TES) ainsi que d’éducatrices en service de garde.

Toujours selon les données transmises par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, 41 des 304 postes sont toujours à pourvoir du côté des TES. Pour les éducatrices en service de garde, 124 postes ne sont toujours pas comblés en date du 12 septembre.

Ces postes sont souvent entrecoupés avec quelques heures en matinée et quelques heures en après-midi après les classes. Il est donc plus difficile de recruter quand l’horaire est morcelé de cette façon. Il arrive souvent que ce soit le personnel scolaire lui-même qui reprenne le flambeau des éducatrices en service de garde selon les dires de Mme Esther Charrette, coordonnatrice des communications du CSSSH.

« Les efforts de recrutement de la rentrée, notamment les blitz, ont porté fruit et ont permis de compléter plusieurs besoins », a-t-elle répondu par courriel au représentant du Journal Mobiles.

Le réseau scolaire québécois craque de partout

Depuis trois semaines, les articles de presse affluent plus que jamais. Les nombreuses décisions du politique ces dernières années ont eu un effet dévastateur sur l’état de l’école publique québécoise.

À ce jour, la pénurie d’enseignants se chiffre à plus de 1 300 postes pour l’ensemble des écoles primaires. Les experts estiment même que la pénurie s’accentuera dans les prochaines années atteignant près de 14 000 postes non-comblés.

Une situation qui soulève bon nombre de questions dans la société civile. Certains ont abordé la thèse d’abolir la sixième année du primaire. Toutefois, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a immédiatement fermé la porte.

En mêlée de presse il y a quelques jours du côté du Saguenay, ce dernier a confirmé que cette avenue « n’était pas dans les cartons ».

Cette proposition avait été poussée de l’avant par Yolande Brunelle, une ex-directrice d’établissement primaire. Celle-ci avait même l’appui du président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, Nicolas Prévost.

Selon l’état actuel des choses, il ne serait guère surprenant de voir les enfants de la région se retrouver sans enseignant durant certaines journées d’école en 2023-2024. Est-ce que le ministre Bernard Drainville trouvera la solution pour régler le problème définitivement? À suivre…