Françoise Pelletier
Madame Lavigne et le DG de la Ville
‘’ J’ai 82 ans et je serai la 42e à aller voter à l’Hôtel-de-Ville ‘’ nous avait lancé Madame Lavigne, une résidente du quartier visé par la signature du registre demandant la tenue d’un référendum municipal à la Ville de Saint-Hyacinthe, concernant son projet de démolition d’immeubles de notre petit quartier du centre-ville.
Et elle avait ajouté qu’elle aurait 83 ans le 5 mai prochain.
Nous nous sommes donc arrêtées chez notre voisine tantôt, pour lui remettre les articles des journaux locaux et régionaux traitant du sujet, et mettant son action de dame citoyenne en lumière.
Et nous lui avons souhaité joyeux anniversaire. Elle allait, pour l’occasion, manger à son restaurant préféré, Restaurant Vietnam, où sa petite-fille travaille les vendredis. Celle-ci aussi est résidente du secteur, elle nous l’avait dit lorsque nous avions nous-même cassé la croûte au même endroit la semaine dernière. Elle nous avait dit que la problématique du stationnement était là depuis qu’elle était toute petite, et que c’était aussi une considération des commerces comme celui du restaurant où elle travaillait. Elle avançait même l’idée que du stationnement plus près de ce commerce favoriserait les commerces de ce secteur en plus d’encourager les gens à marcher quelques pas pour poursuivre leur magasinage et leur promenade dans le cœur du centre-ville.
Nous avons dit à madame Lavigne que finalement, nous connaissions sa petite-fille, et qu’elles étaient toutes deux bien impliquées dans leur quartier.
Parce qu’au final, c’est bien de cela dont il s’agit : au-delà des considérations économiques que favorisera la venue d’une tour de condos au centre-ville pour personnes disons, plus en moyens, il y a la qualité de vie des résidentes et résidents. De celle de madame Lavigne, de sa petite-fille travaillant au centre-ville, de nous, mon conjoint, ma mère et moi.
De la qualité de vie, aussi, de plusieurs personnes ayant des problématiques de santé mentale, de jeunes, de personnes âgées qui habitent le quartier parce qu’il y a des logements abordables, coopératives et logements sociaux. Que pourront bien vouloir signifier pour la santé des résidentes et résidents le terrassement en stationnement du ‘’bas de la Ville’’, la venue d’encore plus de voitures avec toute la pollution y étant associée ?
Car en enlevant 180 cases de stationnements publics pour y ériger la fameuse tour de condos de jeunes retraités, la Ville récidive avec l’achat de nouveaux immeubles et l’éviction de locataires à venir afin de démolir d’autres propriétés pour en faire… Du stationnement.
Pire : alors que le référendum touchant le changement de zonage devant permettre la démolition et le rasage des trois immeubles au coin des rues Mondor- Marguerite-Bourgeoys a été annoncé publiquement en dernière séance de la Ville ce 1er mai pour le 9 juillet prochain, la Direction générale de la Ville souffle qu’elle n’est pas inquiète de l’opposition citoyenne pour tous les autres (et nouveaux) immeubles à être démolis puisque le gouvernement provincial s’enligne pour faire passer le projet de loi 122, qui verrait l’abolition des dits référendums municipaux.
La belle affaire. Autant pour le prochain ‘’chantier de démolition tranquille’’ de la Ville visant cette fois la rue St-François, que pour le référendum municipal du 9 juillet.
Et si la loi est votée et adoptée à la fin de la session parlementaire à la fin juin, est-ce qu’elle entrera immédiatement en vigueur, jetant ainsi notre référendum municipal au pavé ? Et les derniers locataires évincés à encore habiter les immeubles à la rue ?
Mais peut-être devrais-je poser la question directement au Directeur général de la Ville, monsieur Louis Bilodeau, puisqu’il semble en savoir tellement long sur ce que nous pouvons et déciderons de faire ou pas comme résidentes et résidents du centre-ville.
Qu’en pensez-vous, madame Lavigne ?
L’art de bien dire versus l’art de noyer le poisson !
Bravo à Mme Lavigne qui s’est tenue debout pour son centre-ville qu’elle occupe depuis si longtemps qu’on devrait bien lui reconnaître un droit acquis sur son tissu social et sur la gestion plus humaine de son plan de relance…
Bravo aussi à Mme la conseillère Sylvie Adam qui a osé exiger de la transparence lors de la réunion du Conseil du 1er mai dernier, en plus de faire une sortie publique sur sa crainte de l’improvisation dans la gestion du centre-ville !!!
Car en effet, quand une ville bafoue les règles de base d’une saine mise en place d’un plan de relance pour son centre-ville, on peut bien douter de sa volonté de transparence… Et en l’absence de toute réelle consultation de ses citoyens et des organismes en mesure d’apporter leur éclairage, on peut douter de l’existence d’un plan d’ensemble qui tient compte qu’en 2017, on doit penser autrement en matière d’accès au centre-ville et à sa rivière.
De toute façon, il y a à peine quelques mois, cette même ville a été à contre-courant dans sa gestion de la rivière Yamaska en la laissant devenir marécage pour mieux alimenter les turbines du barrage, pour ensuite mettre la responsabilité du déversement qui a tué des milliers de poissons sur « un employé de son usine de filtration des eaux usées » d’avoir déversé trop d’eaux usés d’un seul coup dans la rivière… En tant que pro de l’opacité et de l’improvisation, qui la ville désignera-t-elle comme « tête à claques » quand elle sera mise devant les conséquences de son travail en silo ?
Rappelons que détruire des logements pour amener encore et toujours plus d’autos au centre-ville, plutôt que de penser transport en commun, c’est encore et toujours être à contre-courant de tous les plans d’urbanisme.
Et comme mentionné précédemment, c’est comme ça qu’on a noyé le poisson l’été dernier !!!
Une résidente tannée qu’on la prenne pour un poisson….
la consultation populaire
Félicitation Madame Lavigne. La consultation populaire devrait être à l’ordre du jour au prochain conseil municipal de toute les villes du Québec. La ville de Terrebonne qui considère aussi un projet de Réseau Sélection de 300 unités locatives le fera « attendu que l’approche retenue en est une d’insertion d’une construction dans le milieu existant, minimisant les impacts dans son environnement et que celle-ci fera l’objet d’une consultation participative afin d’assurer son acceptabilité sociale selon les principes de développement durable et de forme humaine ». Et il n’y est même pas question d’éviction ou d’expropriation….Pourquoi les villes n’adoptent-ils pas cette forme de consultation populaire afin que les Madames Lavigne du Québec soient plus impliquées, plus consultées et plus écoutées dans les processus agissant directement sur leur qualité de vies et leur environnement ? Le citoyen n’a-t-il plus rien à dire après que son vote tombe dans l’urne électorale ?
Référence : procès-verbal séance du comité exécutif de la Ville de Terrebonne tenue le mercredi 18 janvier 2017 à 16h30 à l’Hôtel de Ville.