Chronique

Des profils variables

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Ma toute première chronique sur le site de ce journal s’intitulait Être Maskoutain en 2011. Il y a plus de 10 ans, un nouveau réseau social s’installait progressivement dans nos vies : Facebook. En conclusion du texte, j’écrivais que cet outil de communication pouvait devenir – avec un peu d’optimisme – « l’embryon d’un organe de mobilisation locale ». Je donnais l’exemple de l’opposition manifestée contre l’exploitation du gaz de schiste dans la région. En fait, ça s’est avéré.

Avec le temps et l’augmentation exponentielle des abonnés, Facebook a pris différents visages. En langage facebookien, on dirait des « profils » qui peuvent révéler certains traits de personnalité.

Il y a d’abord le profil que l’on pourrait qualifier de « collectif ». Un signe qui ne ment pas, la personne en question est photographiée en ouverture avec quelqu’un d’autre : son conjoint, sa conjointe ou même son chat. Dans ses albums de photos, elle n’est jamais seule. On a beau remonter dans le temps, il y a toujours différents visages dans le portrait.

À l’inverse, il y a le profil « ego ». On dirait que tout devient prétexte à un égoportrait : un voyage, une nouvelle coiffure ou même un changement d’humeur. De là à dire que ces personnes sont un peu narcissiques, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Quoique…

Je suis tombé un jour sur la page d’une abonnée qui accumulait des photos d’elle-même depuis 2015, l’année de son entrée dans le réseau. Des dizaines et des dizaines d’égoportraits qui ponctuaient les moments de sa vie. Je ne comprends pas les motivations de cette personne qui tient à afficher publiquement son image à répétition, et ce, année après année.

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Autrement dit, Facebook peut afficher différents profils de personnalité, parfois contradictoires. Bien sûr, il y a une multitude de profils. La plupart sont inoffensifs, à savoir qu’ils ne conduisent pas à des polémiques déchirantes. Par contre, depuis deux ans, on a assisté à l’émergence d’échanges beaucoup plus polarisants.

Je parle évidemment des positions adoptées envers les mesures sanitaires imposées par les gouvernements pour faire face à la pandémie. Le confinement, le couvre-feu, les vaccins et, enfin, le port du masque ont alimenté des controverses. On pourrait dire que certains traits de personnalités se sont alors distingués. Des « profils » se sont radicalisés.

À tel point que ces divergences d’opinions – affirmées publiquement – ont pu générer des ruptures. Des ruptures entre amis, entre collègues de travail et même au sein d’une même famille se sont produites. On a parlé de couples qui se sont séparés à cause de cela. Certains sportifs et certains artistes ont vu leur vie professionnelle chamboulée en perdant des contrats.

Il y a 10 ans, j’espérais que Facebook devienne un outil de mobilisation pour faire preuve de solidarité contre les attaques au bien commun. J’étais loin de me douter que les réseaux sociaux serviraient un jour à ostraciser des individus à ce point.

Mais il y a eu la pandémie. Et le mal est fait.