Françoise Pelletier
Dick-tionnaire
Je le sais ben pas pourquoi je l’ai pas écrite avant, celle-là ! Ça fait pourtant un sacré bail que j’y songe… Ce n’est bien pourtant qu’aujourd’hui que je m’y mets. Ma deuxième chronique officiellement féministe, et un peu fuck-off. Ou fuck-on ? Bref, lorsque je regarde et prête l’oreille à notre grammaire, à nos mots, ceux que l’on utilise à tous les jours, je me désole. Pas que je parle bien; Non. Ça ne me dérange pas tellement, ça. Ce qui me fait r’virer boutte pour boutte, par exemple, ce sont les mots féminins utilisés pour rendre le concept ou l’objet encore plus méprisable…
Le fait que lorsqu’on veut faire mal, on traite de vaches, de truies, parce que c’est encore pire que bœufs (quoique…) et cochons… Le fait que les mots au féminin sont toujours une coche plus écorchant, au final… Traiter une fille de salope, s’attaquer à ce qu’elle est au plan sexuel, pour cautionner quelque violence que ce soit alors que c’est nous qui la lui faisons subir… Traiter les filles de putes, les hommes, aussi, quand on veut vraiment les blesser. Traiter un petit garçon de fille, c’est l’insulter aussi, encore aujourd’hui… Comment voulez-vous qu’on puisse valoriser ce qui est d’ordre féminin dans tout ce merdier de mots ? Ce sont des mots que l’on entend tous les jours, que l’on n’entend plus, presque. Comme la violence sexuelle faite aux femmes et aux filles, qui nous fait tellement mal collectivement que nous la voyons ailleurs, mais pas dans nos maisons. Le fait que le mot féminicide n’existe pas encore dans nos dick-tionnaires, alors qu’on y retrouve pourtant le tout nouveau mot : plan-cul… Quel merdier.
Quelqu’un m’a déjà dit que la violence verbale faisait moins mal qu’une claque sur la gueule. Ok. Par contre, la violence verbale, lorsque contenue jusque dans les mots que nous entendons tous les jours au gré de nos conversations avec nos amis, nos familles, nos collègues, et qu’elle n’est pas reconnue, elle fait très mal aussi. Pas qu’à moi, pas qu’aux femmes. Aux hommes aussi, qui se voient occulter des possibilités d’attitudes au niveau social, comme celle d’avoir tout simplement le droit de pleurer… Quand j’y pense, ça me déprime tellement. Combien d’hommes et de femmes souffrent encore et encore de nos attitudes collectives qui déprécient toujours plus ce qui est identifié comme étant de l’ordre du féminin…
Les mots qu’on utilise mettent les choses au monde, il ne faudrait pas l’oublier. Quand on ne peut pas parler de féminicide, on ne peut pas nommer en un mot le fait que la première cause de décès des femmes dans le monde entier est encore et toujours la violence. On ne peut pas en parler, parce que ce mot n’existe pas encore, pas dans nos dick-tionnaires, en tout cas. Je crois que nous devrions nous pencher plus sur les mots que nous utilisons et colportons et sur leur incidence sur notre être ensembles, collectivement. Nous pourrions ainsi nous apercevoir qu’ils transportent des générations de préjugés et de mise en cage nous blessant toutes et tous. Il faudrait kicker le cul du patriarcat chez nous, dans nos maisons, dans nos bouches. Et dans les dick-tionnaires.
Re: Dick-tionnaire
Bravo Françoise,
C’est drôle comme les mots blessants sont en effet féminisés, pourtant on eu tellement de « misère » a faire féminiser des textes par exemple…j’pense par contre que c’est pas ça qu’on voulaient dire tout à fait me semble ;o)
Ça me fait penser au langage aseptisé qu’on tient aujourd’hui pour « noyer le poisson »: une personne n’est plus aveugle, mais non-voyante. Pas sourde mais malentendante…ou encore des personnes vivants des réalités différents, oui oui je l’ai entendu dans une radio d’es-tas! Je me suis demandé longtemps si j’avais compris en fin de compte de qui ou de quoi on parlait…un homme une femme, une tortue géante des Iles Galpagos??!!
Tout le mon est devenu toutttt lisse, égal, brun pâle…à part les maudites vaches folles de féministes, la haine ne change pas souvent de cible. Soit tu t’égalise en tant qu’intoléranteenverslesgestesviolentsposésàl’endroitdetessœursdemêmesexe ou tu es une salope extrémiste.
À quand la première édition du dick-tionnaire ? (vous connaissez certainement la définition du mot slang « dick »!)
So! so! solidarité!
Re: Dick-tionnaire
Intéressant texte, il y a longtemps aussi que je me dis que la langue française est si misogyne que le masculin (supposément) incluant le féminin, en réalité le fait disparaître.
le dick-tionnaire mexplique à tour de bras
« Féminicide », traduction de « feminicide » continue à rester à l’index – La plate-forme bloque- Il se l’ai mise dans l’oreille pour ne pas entendre les cris… http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/billes-pour-academie-de-la-francophonie.html
Re: Dick-tionnaire
Et oui ce méchant Dick! On retrouve dans son ventre, l’ insulte suprême, le mot con: page 245 du dick. Larousse édition 2012, qui veux dire vulg. sexe de la femme.
Et le mot fauter : avoir des relations sexuelles en dehors du mariage en parlant d’une femme.
Ne me parlez pas d’égalité des sexes, je trouve que c’est se rabaisser que d’être l’égal d’un homme. Elle n’est pas de moi mais Ciel qu’elle me rejoins! Je ne dis pas que tous les hommes sont bêtes mais ils se font tous avoir par leur « Dick ».
Re: Dick-tionnaire
Je comprends l’incommensurable ras-le-bol par rapport au patriarcat, cependant de nos jours avec la banalisation de la pornographie et le marketting capitaliste que l’on semble incapable de ralentir, il y a de plus en plus de femmes et très jeunes filles qui acceptent ce discours et s’y assujettissent. On essaie de contrer tout ça en employant la conscientisation, l’esprit critique etc. cependant la lutte me semble très ardue ici. J’essaie de me remonter le moral en admirant toutes ces femmes qui réussissent même à changer de mainière significative des choses au niveau de certains pays comme en Afrique.
Re: Dick-tionnaire
Je comprends l’incommensurable ras-le-bol par rapport au patriarcat, cependant de nos jours avec la banalisation de la pornographie et le marketting capitaliste que l’on semble incapable de ralentir, il y a de plus en plus de femmes et très jeunes filles qui acceptent ce discours et s’y assujettissent. On essaie de contrer tout ça en employant la conscientisation, l’esprit critique etc. cependant la lutte me semble très ardue ici. J’essaie de me remonter le moral en admirant toutes ces femmes qui réussissent même à changer de mainière significative des choses au niveau de certains pays comme en Afrique. La dynamique féministe-patriarcat n’est plus de mise ici ce n’est pas siclair.