Chronique
MASKOUTAINERIES

Être Maskoutain en 2011

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Je suis né à Saint-Hyacinthe, je vis à Saint-Hyacinthe et je mourrai probablement à Saint-Hyacinthe. Est-ce un défaut, est-ce une qualité ? Ni l’un ni l’autre, bien sûr. Est-ce une preuve d’immobilisme ou bien de stabilité ? Un peu des deux, j’imagine.

Chose certaine, on peut vraisemblablement me qualifier de maskoutain. Un gentilé assez curieux qui est inconnu de mon outil informatique de correction. Il me propose « maskinongé » ou « mastoïdien » pour le remplacer.

Je connaissais le maskinongé pour en avoir pêché un, jadis, dans la Yamaska (mon charmant dictionnaire intégré me propose maintenant « Yamaha » ou « Yamato »). C’était l’époque où la rivière était autre chose qu’un égout à ciel ouvert. On s’y baignait. Oui mes amis ! Et sans danger pour la santé de nos spermatozoïdes en devenir. Enfin, je crois…

Dans mon Larousse de poche, on m’informe que « mastoïdien » signifie : relatif à l’os temporal. Peut-être bien, mais on s’en crisse tu ! Le mot a tout de même son utilité, sinon mon sympathique moteur de correction aurait choisi son voisin immédiat dans l’ordre alphabétique : « masturbation ».

Mais revenons à nos moutons, on s’éloigne dangereusement du propos. Que signifie, en 2011, être un Maskoutain ?

Des bactéries maskoutaines

Saint-Hyacinthe représente un petit point, une crotte microscopique sur le globe. Sur cette crotte fourmillent plus de 50 000 bactéries, des bactéries maskoutaines. Lorsqu’on utilise le microscope Street View, on peut voir des spécimens de cette faune microbienne. La plupart ont le visage brouillé, comme leurs plaques d’immatriculation d’ailleurs. Des Maskoutains anonymes.

 

Pour mettre des visages sur ces corps, il faut aller sur Facebook. Là, non seulement on voit leurs faces, mais on peut apprendre un tas de choses sur leurs vies, leurs intérêts et même sur leurs… « amis ». Tout ça finit par tisser une grande toile de liens complexes entre des gens qui ont comme point commun, entre autres choses, leur lieu de résidence. Ce ne sont pas tous les Maskoutains qui s’affichent sur Facebook, bien sûr, mais le phénomène est grandissant et commence à ressembler à une communauté virtuelle comparable au perron d’église où nos ancêtres s’échangeaient les dernières nouvelles.

Et que s’écrivent-ils, ces gens ? Des banalités, souvent. « Je me sens moche aujourd’hui » ou l’éternel jovialiste qui a toujours le mot d’encouragement pour booster le groupe : « Le bonheur, c’est comme le sucre à la crème : quand on en veut, on s’en fait ! ». Mais parfois, le propos se fait plus revendicateur. On a eu l’exemple, récemment, de certains commentaires autour de l’exploitation du gaz de schiste en région. Avec un peu d’optimisme, on peut y déceler l’embryon d’un organe de mobilisation locale. Enfin, on verra à l’usage…