Françoise Pelletier
La Charte des dommages
Un peu comme lorsqu’on dit ‘’c’est ben de valeur’’en pensant à quelque chose qui a du potentiel mais qui ne s’est pas actualisé. Surtout en fait si on regarde ses dommages collatéraux, bilatéraux, en dessus et en dessous, partout. Il n’y aura pas eu grand monde de pas écorché depuis que la fameuse charte des valeurs québécoises du Parti Québécois a été présentée.
Une polarisation immédiate dans des camps ‘’pour la charte’’ et ‘’contre la charte’’. Des manifestations organisées par les deux côtés. La séance de lapidation collective déchaînée partout et ne semblant pas prête de s’arrêter. On se tire des roches des deux bords, en se traitant d’islamophobes, de mous. Chaque côté s’argumente, présente sa vision des choses, personne n’écoute. C’est qu’on ne négocie pas les valeurs.
Cette charte aurait sûrement gagnée à être un peu plus cohérente avec l’histoire du crucifix qui a miné sa crédibilité d’effort vers la laïcité et la neutralité de l’état. Mais même ainsi, le scénario que nous connaissons actuellement aurait quand même cours. Il y a peu de choses en nous qui soient à ce point assises, solides, inébranlables que nos valeurs. Elles participent à notre identité profonde, se reflètent dans tous nos choix de vie, dans toutes les sphères personnelles et professionnelles. Combien de fois nous entendons-nous dire : ‘’ce n’était pas conforme à mes valeurs’’ afin d’expliquer pourquoi nous avons mis fin à une relation ou à un emploi.
C’est probablement ce qui est en train de se passer ici actuellement et qui creuse toujours plus le fossé entre nous. Il n’y a pas d’arguments qui puissent nous rallier à l’autre point de vue puisque que ce n’est pas un exercice rationnel tenant du véritable débat, mais d’un face à face de valeurs. On dirait bien qu’il n’y a pas grand-chose à attendre d’une situation comme celle-ci à part le fait que plusieurs personnes trop blessées ne se parlent plus, ne s’estiment plus alors qu’elles partageaient généralement beaucoup en commun.
J’ai réussi à écrire quatre paragraphes sans trop nommer ma position dans ce panier de crabe de valeurs. C’est que j’ai peur. Peur de me faire rentrer dedans comme j’ai trop vu de personnes se faire faire. Pourtant, j’y tiens à mes valeurs… Je fais le choix de ne pas les exposer, de ne pas m’exposer pour me protéger. Ce n’est pas certain que ce soit la meilleure façon de faire avancer les choses, cependant. C’est pourtant la position que je garde actuellement afin d’éviter que ça ne dégénère davantage avec cette charte des dommages.
Re: La Charte des dommages
Pour une fois qu’un parti politique met ses culottes et PROPOSE, je dis bien PROPOSE une charte… Chapeau au P.Q. . En espérant qu’un jour le Québec se débarrasse du titre de pays du statut quo par excellence. Je me souviens d’un certain Jean Lesage qui nous disait: « Maîtres chez-nous ». Allez Québécois, affirmez-vous avec conviction bon sang!
D’ailleurs je rajouterais en terminant que nous ne pouvons faire d’omelettes sans casser d’oeufs chers concitoyens.
Re: La Charte des dommages
Cette charte, moi j’y tiens. Je suis certaine qu’elle ne sera pas approuvé si elle n’a pas de sens et ces messieurs-dames devront retourner à leur devoir. Je sais par contre que toutes lois, chartes, ou règlements a ses revers et ses zones grises que tous et chacun arriveront à déjouer. Je pense entre autre à la loi 101 … c’est presqu’une farce quand on voit tous les moyens pour la détourner facilement. Bientôt tout ça ne sera qu’histoire , et ira rejoindre le slogan québécois : « je me souviens ».
Re: La Charte des dommages
J’ai perdu des amies, vu des soirées de party brisée, perdu un temps fou à m’obstiner .moi désolée…je veux même plus en entendre parler! Que le PQ se divise entre eux si ils veulent, ils auront atteint leur objectif » diviser pour mieux régner »…mais plus jamais je ne voterais pour eux
Re: La Charte des dommages
Le déchirement qui nous habite, du moins quelques uns d’entre nous, est ici, magnifiquement exprimé par Françoise Pelletier. Comment un gouvernement peut-il établir pour le peuple, sans l’avoir consulté au préalable, une «Charte des valeurs» qui prétend définir POUR LUI ce qu’il droit croire et penser et cela, sans l’avoir consulté à l’avance. Comment peut-on se décider – sans partisannerie aveugle – à accepter une chose avec laquelle on serait d’accord mais qui nous oblige à en avaler deux autres qui nous donnent mal au ventre ? Nous nageons dans l’absurde. Ça serait drôle si ça n’était pas si triste. Ces dommages collatéraux sont bien réels. Le pire, c’est qu’en chacun de nous, il y a un intolérant qui sommeille et qui rêve de botter le derrière de certains imams, rabbins ou curés intégristes tout en secouant ceux qu’ils ont pris dans les mailles de leur filets de Textes supposément sacrés. Alors pour ou contre ? Où ça s’arrête ? Et où ça commence ? C’est quoi la frontière entre l’intolérance et la mollesse ?
Re: La Charte des dommages
À la ligne de départ je suis monté sur mes grands chevaux comme ce gars dit. Je me suis insurgé contre ces naufrageurs qui cherchent à être reconduit dans leurs fonctions. Je n’ai trouvé que les gros mots pour qualifier les supporteurs d’une « proposition » de charte qui diviserait, marginaliserait près de 10% de la population et peut être même plus; racistes et autres épithètes. Plus le débat, ou plutôt la crise d’empoigne, faisait rage, je me suis adoucit, le partage d’idées et d’opinions a fait place à la rage de vaincre. Je me suis retrouvé face à un mur ou la xénophobie trônait sans partage. À court d’arguments je me suis mis à répéter ad nauseam la litanie d’objections posées au fil du temps. Hier sont arrivés une nouvelle flopée de partisanes qu’on appelle les Janettes. Ces femmes, que l’on qualifie d’élite, sont venue nous expliquer que le féminisme du 21è siècle emprunte à son tour le chemin de l’intégrisme qu’elles disent combattre. Quel paradoxe! Celles qui n’adhèrent pas sont des folles. N’en fallait pas plus pour attiser la braise qui sommeillait en moi. Voilà que je repart en croisade.
Je réalise maintenant que j’en suis exactement au point où les « politiques » voulaient que je sois: Dans un camp ou l’autre, pas de demi mesure.
L’itinéraire est tout tracé, le gouvernement connait déjà la conclusion de sa « proposition » de charte. Il n’y a qu’à écouter les Lisés, Drainvilles et compagnie pour comprendre qu’il n’y a jamais eu de proposition de charte. Elle est déjà écrite. Le rendez-vous électoral tranchera, ça passe ou ça casse…
Je souhaite tout de même que le mouvement féministe saura retrouver un équilibre qui cessera d’infantiliser celles d’entre elles qui ont besoin de temps, pour s’y retrouver dans ce que l’on cherche à leur imposer sans même se préoccuper de connaître leur opinion. L’optique de quelques élites ne représentent pas nécessairement l’opinion publique.
Je me retire de ce combat où il n’y a aucun gain à faire, où il n’y aura que des dommages collatéraux.