Chronique

La mal-aimée

Photo d'archive, juillet 2014. photo : Nelson Dion

« J’ai passé tout l’hiver ensevelie sous la neige. On m’a sectionnée en deux pour construire un pont. Depuis plusieurs années, on me néglige. Je vieillis. Je pourris. Je perds des morceaux. Je me décrépis. Au secours ! »La Promenade Gérard-Côté

Le projet de réaménager la Promenade Gérard-Côté ne semble plus figurer dans les priorités de la Ville de Saint-Hyacinthe. Pourtant, en 2015, on le retrouvait dans le programme triennal d’immobilisation. Il avait disparu dans le plus récent.

Photo d'archive, juillet 2014. photo : Nelson DionIl faut dire que depuis, le projet du fameux Centre de congrès municipal a pris toute la place. Ou presque.

Mais il faut se rendre à l’évidence, cette structure en bois a « râlé ses derniers râlements », comme on disait jadis. Elle est même devenue dangereuse.

Construite à la fin des années 70, elle a suivi l’érection du mur de protection contre les inondations récurrentes au centre-ville. Une calamité à l’époque.

Question de joindre l’agréable à l’utile, on a décidé d’y adjoindre, en bas et en haut du mur, une piste cyclable, ainsi qu’une promenade en bois sur une distance de 6 600 pieds, soit du pont Barsalou à l’avenue Pratte. À mon avis, c’est l’une des plus belles réalisations qui ont été faites à Saint-Hyacinthe.

On protégeait la population de la crue des eaux et, en même temps, on lui permettait de profiter du paysage de la rivière Yamaska en toute sécurité.

Mais le temps a fait ses ravages et la promenade n’est plus sécuritaire.

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L’été dernier, l’un de mes voisins, un vieux monsieur, m’a raconté ce qui lui était arrivé sur la promenade. Il avait pris l’habitude, par beau temps, d’y faire une balade sur son quadriporteur.

Un jour, la roue avant de son engin s’est enfoncée dans une planche pourrie. Ceux qui fréquentent les lieux savent à quel point la structure du trottoir en bois est détériorée.

L’homme de 85 ans a basculé et a roulé en bas du talus. Le quadriporteur s’est retrouvé sur lui…

Il retrousse ses manches et me montre ses ecchymoses. « J’en ai sur tout le corps comme ça », me dit-il.

Après de longues minutes dans cette position, quelqu’un lui est finalement venu en aide. L’ambulance l’a conduit à l’urgence où l’on a constaté une petite fracture.

L’incident n’a pas fait les manchettes. Le vieux monsieur ne s’est même pas plaint à la Ville. Mais il n’est plus jamais retourné sur la promenade.

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Cette mésaventure témoigne des conséquences possibles d’une infrastructure mal entretenue, mal-aimée par les autorités. À l’époque, elle avait été construite pour la qualité de vie de la population, pas pour devenir un danger pour sa sécurité.

Aux dernières nouvelles, le processus de réaménagement serait en branle : les plans et devis, les soumissions et le reste. On parle d’un échéancier de cinq ans pour la réalisation. Cinq ans ! Et le problème existe depuis au moins autant d’années.

Une petite question en terminant : Combien de temps a-t-on pris pour régler le sort du Centre de congrès municipal ?