Chronique

Un comité féministe à la Ville de Saint-Hyacinthe ?

francoise_pelletier

Je préfèrerais que le titre soit ponctué d’un point d’exclamation plutôt que d’un point d’interrogation, mais déjà je me réjouis que la question ait été posée publiquement par une citoyenne lors de la première séance publique de la Ville de Saint-Hyacinthe ce 20 novembre dernier.

C’est Danielle Pelland, qui s’est présentée dans le district Sacré-Cœur et Sagouine notoire qui a demandé si le Conseil considérait la formation d’un comité féministe à la Ville de Saint-Hyacinthe. Un tel comité serait idéalement composé de femmes élues, de femmes issues d’organismes communautaires, de Sagouines et toute autre citoyenne interpellée par la question d’égalité femme-homme.

Les sujets qui y seraient abordés porteraient sur la violence conjugale, le sexisme ordinaire, les agressions sexuelles, le harcèlement de rue et le harcèlement au travail, la culture du viol, l’accessibilité des femmes à des postes de pouvoir, les doubles standards exigés des élues, bref : la liste des sujets féministes gagnant à être mis de l’avant dans le cadre d’un comité féministe municipal est si longue qu’elle dépasse largement l’espace de cette chronique.

La réponse qui a été faite à madame Pelland par le Maire Claude Corbeil est à l’effet que le conseil a quasiment atteint la parité, comme elle l’avait elle-même salué au début de son intervention,  le conseil comptant désormais 5 femmes élues pour 6 hommes élus. 

Si on peut se réjouir et se féliciter de l’avancée de la parité au sein de notre démocratie municipale, cela ne signifie pas que la question de la formation d’un comité féministe soit rendue caduque, bien au contraire. Cela est bien connu que les femmes élues ont ‘’des croûtes à manger’’ pour rivaliser en légitimité et occuper le même espace que leurs confrères masculins. Cela a d’ailleurs été mis de l’avant par nos autres femmes élues des autres paliers gouvernementaux, Madame Chantal Soucy au provincial et Madame Brigitte Sansoucy au fédéral : c’est ce qu’on appelle le double standard. Ainsi, les femmes élues doivent composer avec leur rôle traditionnellement attitré à la sphère privée (rôle de mère, de conjointe) ainsi qu’avec un rôle public, traditionnellement attitré aux hommes. À cela s’ajoute le fait que les systèmes politiques mis en place l’ont été par et pour les hommes, et que les femmes élues sont encore aujourd’hui à inventer leur place, avec leur expérience et expertise propre qui différent.

Or, la formation d’un comité féministe viendrait soutenir d’une part les femmes élues en reproduisant la formule si chère aux organismes communautaires en devenant un comité par et pour. Par et pour les femmes et les questions touchant à l’égalité des sexes, dans l’appareil municipal ainsi que pour l’ensemble de notre communauté maskoutaine.

À la question du Maire Corbeil à savoir ‘’si on est rendu là’’, la réponse, dans cette perspective, est bien évidente : vous je ne sais pas, Monsieur le Maire, mais nous, les citoyennes de votre municipalité le sommes. Nous sommes rendues à  prendre la parole et discuter avec les femmes élues de notre municipalité (et de toute la MRC, en fait, si on décide de faire de ce comité féministe large tel que proposé par les Sagouines) pour faire avancer les questions qui, comme femmes, nous touchent tous les jours, dans nos rues, nos maisons, nos organismes et au travail.

À l’heure où notre Ville de Saint-Hyacinthe s’est déclarée Ville contre la violence conjugale, et où débute les 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes du 25 novembre au 6 décembre, oui nous en sommes rendues à s’asseoir ensemble, femmes élues, citoyennes, Sagouines, femmes représentantes d’organismes communautaires afin de mettre sur pied des actions concrètes pour que cesse cette violence faite aux femmes.

À vous, maintenant, de répondre à cette question, mesdames les conseillères élues, appuyées, souhaitons-le, de vos confrères conseillers élus.

Nous serons toujours là pour vous entendre et nous dire, nous, citoyennes de la Ville et de la MRC des maskoutains, représentantes et membres d’organismes communautaires, Sagouines, citoyennes, à vos côtés si vous le souhaitez.