Chronique

PH et le CH

Je m'étais pourtant dit que je ne regarderais pas les séries. Mais comme d'habitude, je me suis fait avoir. Dès le premier match du CH, j'ai eu une attaque au haut du corps, une espèce de crampe au cerveau qui m'a fait perdre la tête. Dès lors, je savais que j'allais les suivre jusqu'au bout.

Pourtant, j'avais mille et une raisons de bouder le CH. Avant, dans le bon vieux temps, le club comptait dans ses rangs une majorité de « canadiens français ». Et parmi les meilleurs de la ligue à part ça.

Les Richard, Béliveau et Lafleur nous en ont fait voir de toutes les couleurs. Le bleu-blanc-rouge faisait rayonner la fleur de lys dans toutes les grandes cités. Les french-canadian pea soup en faisaient baver aux grands fendants de Boston, Détroit, Chicago ou New York.

Maintenant, la nationalité n'a plus d'importance. Le CH recrute des joueurs des États-Unis, de la Russie et même de l'Ontario! Scandaleux!

J'ai vraiment commencé à décrocher du hockey quand le gardien Martin Brodeur – qui a fait les belles années du Laser de Saint-Hyacinthe – est allé gagner deux coupes Stanley en quatre ans pour les Devils du New Jersey.

Ces gladiateurs de la glace, ces millionnaires à patins sont devenus des mercenaires à la solde des plus offrants. Depuis que les USA ont pris le contrôle de la LNH, le hockey est devenu une business et non la fierté d'un peuple.

Il faudrait hypothéquer sa maison pour acheter des billets de saison. Les hot-dogs et la bière se vendent à un prix de fou. La dernière fois que je suis allé au forum – oui, le bon vieux forum avec ses fantômes – on pouvait se payer une draft et un roteux pour deux piasses. Bon, ok, mettons que ça fait 40 ans, pis après.

Aujourd’hui, paraît que la canette de Molson se vend 11$. Molson, parlons-en de Molson. La famille a racheté le CH il y a quelques années après l'avoir possédé pendant trois générations.

Ce que peu de gens savent, c'est que l'ancêtre de Geoff Molson avait financé l'armée anglaise pour lutter contre les Patriotes de 1837-1838. Il était contre la libération des Canadiens français.

Mais le bon peuple dont la devise est « Je me souviens » ne se souvient pas de grand chose. Il préfère réclamer du pain et des jeux comme le faisait la plèbe au temps du déclin de l'Empire romain. Panis et Circencis comme dirait Bernard Landry.

Et moi, et moi, je me retrouve quand même rivé à l'écran pour regarder les pirouettes de PK et les prouesses de Price. Pour ne pas m'abonner à TVA Sport, je syntonise la CBC et je mets le son de la radio à 98,5 pour avoir la description en français.

Que voulez-vous, le CH est dans mon ADN. Le CH a gagné 24 coupes Stanley dans son histoire, dont 18 depuis que je suis au monde. J'ai été témoin de la plupart d'entre elles. Ça marque un homme.

GO! HABS! GO! Le CH en six!