Chronique

Le Noël de Donald

paul-henri_freniere

Il était une fois un homme très très riche qui était président d’un très très grand pays. Il était tellement riche qu’il pouvait se payer n’importe quoi sur la terre. Son pays était si puissant qu’il dominait tous les autres.

Quand le mois de décembre arriva, le président décida de convoquer le Père Noël à sa grande maison blanche. Il en avait le pouvoir. Personne ne pouvait désobéir à ses ordres, sinon, il pouvait se faire congédier. Imaginez la déception de milliards d’enfants sur la terre sans Père Noël…

Ainsi, le lendemain, le sympathique bonhomme rouge se pointa à la maison blanche. « Père Noël, lui lança le président, je veux un très très gros cadeau cette année. J’ai travaillé très très fort et je le mérite. J’ai tweeté si souvent que j’ai de la corne sous les doigts. »

Le Père Noël regarda le président avec un air perplexe. « Un cadeau, mon Donald, c’est vrai que ça se mérite. Je vais te poser trois questions. »

– As-tu été gentil avec les autres cette année?

– Oui, bien sûr Père Noël, à part tous ceux que j’ai congédiés, les immigrants, les Noirs, les femmes, la plupart des chefs d’États et les @&#$!!! de journalistes qui n’arrêtent pas de me critiquer.

– Hum! Maintenant, dis-moi si tu as raconté des mensonges?

– Bien sûr que non! Enfin, pas plus que 30 fois par jour, je le jure.

– As-tu déjà été infidèle?

– Ah là, je suis positif. J’ai été fidèle toute ma vie. Jamais je ne trahirai l’argent.

Sur ce, le vieil homme à la barbe blanche se gratta la tête, replaça ses lunettes rondes et repartit au Pôle Nord, escorté par la garde présidentielle.

***

Dans la nuit du 24 décembre, le président reçut un appel urgent de la NASA. Un objet non identifié se dirigeait directement vers la capitale nationale. On envoya prestement des patrouilleurs lourdement armés.

Après vérification, on constata qu’il s’agissait d’une énorme boîte suspendue à un hélicoptère. À l’arrière, une banderole où il était écrit : Santa Claus Express.

« C’est sûrement mon cadeau », se dit le président, et il autorisa son approche. L’engin déposa la boîte dans la cour intérieure – un cadeau gros comme une petite maison – et repartit vers le Pôle Nord.

Une faible neige tombait, une douce musique de circonstance sortait des hauts-parleurs : I’m Dreaming Of A White Christmas. Donald sortit à son tour.

Sur la grande boîte, on avait peint des aigles à tête blanche, symboles de puissance. De larges rubans dorés ceinturaient le tout, surmonté d’un gigantesque chou argenté.

« Enfin un cadeau à ma mesure » déclara solennellement le président, bombant le torse devant sa garde rapprochée mais clairsemée.

Pour accéder au contenu, on avait aménagé une petite porte entourée de lumières scintillantes. Donald s’approcha et l’ouvrit. Dès qu’elle fut ouverte, il recula de trois pas, envahi par la forte odeur qui s’en dégagea.

À l’intérieur, un amoncellement d’immondices nauséabonds sur lequel était plantée une pancarte où il était écrit : « Voici un cadeau à ton image, Donald : dans un emballage clinquant, rien qu’un gros tas de m… Ho! Ho! Ho! »