Paul-Henri Frenière
Retenir les jeunes cerveaux
La population de Saint-Hyacinthe a augmenté de 114 personnes entre 2014 et 2015. Doit-on s'en réjouir? Le dernier décret du gouvernement du Québec établit à 54 777 le nombre de Maskoutains et de Maskoutaines. On est bien loin de l'objectif de 60 000 émis par Claude Corbeil à son arrivée à la mairie en 2013. L'échéance fixée était en 2020, soit dans quatre ans. Mission impossible?
Il faudrait donc une augmentation moyenne de 1 300 personnes par année pour y arriver, soit 10 fois plus que le rendement de l'année dernière. Gros contrat.
Ces résultats sont décevants, voire étonnants.
D'une part, la région de Saint-Hyacinthe est une terre d'accueil pour les nouveaux arrivants issus de l'immigration. Depuis 2010 environ, la Ville se targue d'accueillir une centaine d'immigrants ou de réfugiés chaque année. Des services sont offerts pour faciliter leur intégration et pour leur trouver un emploi.
On pourrait en déduire que ces personnes décident de plutôt s'établir dans les municipalités environnantes. Or, l'augmentation de la population de la zone rurale ne l'atteste pas. Le même décret gouvernemental établit à 86 394 le nombre de résidents de la MRC des Maskoutains : un ajout d'un maigre 69 personnes par rapport à l'année précédente.
D'autre part, on a misé beaucoup ($$$) sur une campagne publicitaire à l'échelle nationale, lancée en 2014, pour vanter les mérites de la grande région de Saint-Hyacinthe et pour attirer d'éventuels résidents.
Je me suis rendu récemment sur le portail de « La grande région de Saint-Hyacinthe – Terre d'innovation » : la vitrine de cette campagne. Si ce site est conçu pour convaincre les gens de l'extérieur à venir vivre ici, je m'excuse, mais on manque le bateau.
Ce portail est essentiellement un site de références. Et quelles références? On fait encore le lien avec le CLD des Maskoutains (qui n'existe plus), à la Corporation de développement commercial (qui n'existe plus) et à Tourisme congrès Saint-Hyacinthe. Or, ces trois organismes ont été fusionnés sous le chapeau de Saint-Hyacinthe Technopole il y a un an.
C'est comme offrir un buffet à volonté avec des aliments périmés.
Heureusement, on réfère aussi à nos institutions d'enseignement. Avec le Cégep de Saint-Hyacinthe – qui prend continuellement de l'expansion – l'Institut de technologie agroalimentaire et la Faculté de médecine vétérinaire, c'est plus de 10 000 étudiants de niveau collégial et universitaire qui passent par ici pour faire leurs études.
Mais voilà, bien souvent ils ne font que passer. C'est donc une cohorte de jeunes cerveaux qui viennent se remplir ici et qui, la plupart du temps, vont exercer leurs compétences ailleurs. Pourtant, ce ne sont pas les emplois qui manquent.
Selon un organisme pancanadien qui a réalisé un sondage l'année dernière, c’est à Saint-Hyacinthe que le marché du travail est le plus dynamique au pays et que l’économie génère le plus de nouveaux emplois. Alors, où est le problème?
Je crois qu'en 2016, les jeunes cerveaux de la génération Y demandent davantage qu'une bonne job et une belle maison. Ils veulent un environnement stimulant tant au niveau professionnel que personnel. Et cela demande un milieu de vie où la culture tient une place importante. Ils veulent vivre dans une ville qui a une « âme ».
Soit dit en passant, le portail publicitaire sur notre « terre d'innovation » ne comporte aucune section qui porte sur l'offre culturelle.
0 commentaires