Chronique

« Rêver » notre développement durable

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Ainsi, la Ville de Saint-Hyacinthe a l’intention de devenir, en 2040, « une technopole agroalimentaire par excellence » qui, par son leadership et son innovation, pourrait avoir un rayonnement international, rien de moins. On peut toujours rêver…

Cette vision ambitieuse a été formulée dans le premier Plan de développement durable de notre municipalité dévoilé récemment. Ce document de 40 pages contient pas moins de 53 actions à entreprendre d’ici 2025.

Il faut dire que plusieurs personnes y ont contribué : majoritairement des fonctionnaires municipaux, mais aussi des délégués du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM) et de Forum-2020. On a également fait appel à l’expertise de Nature-Action Québec (NAQ), un organisme voué aux meilleures pratiques environnementales.

Il ne faut pas chercher de grands projets comme l’aménagement d’une tour végétale spectaculaire ou de jardins sur les toits des édifices municipaux dans ce document. Non, ce sont plutôt plusieurs petits projets, dont certains, d’ailleurs, étaient déjà dans les cartons. On évoque, entre autres, un nouvel écocentre pour remplacer l’ancien, l’ajout de bornes de recharge pour les voitures électriques ou encore la plantation d’arbres pour diminuer les îlots de chaleur. On ramène aussi l’idée d’un espace piétonnier au centre-ville, dont l’expérience a échoué l’été dernier, faute d’une préparation adéquate

Mais soyons honnêtes, ce plan de développement durable, dont l’élaboration s’est étalée sur deux ans, est le fruit d’un travail sérieux réalisé par des gens de bonne volonté et soucieux de l’environnement. On promet d’ailleurs que sa réalisation fera l’objet d’un suivi dont on aura un bilan public annuel.

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Ce n’est pas la première fois que l’administration du maire Claude Corbeil fait appel à des avis extérieurs pour élaborer un plan d’action. Uniquement durant son dernier mandat, le maire a demandé quelques fois aux gens de « rêver » un projet à venir. Rappelons-nous certains de ces thèmes de consultations publiques : Rêvons notre future bibliothèque, Rêvons notre parc Les Salines, Rêvons notre parc Casimir-Dessaulles et, enfin, Rêvons notre promenade Gérard-Côté.

À noter que cette première consultation sur la promenade riveraine a été faite en mai 2017, soit quelques mois avant l’élection de Claude Corbeil qui sollicitait un second mandat. Tiens, tiens… Ce plan de développement durable arrive justement — encore — quelques mois avant les élections municipales. Que ça tombe bien !

Si le maire et les membres de l’actuel conseil veulent se représenter, ils auront l’occasion de « vendre » à l’électorat ce tout nouveau projet. Ce sera d’autant plus commode que l’un des principaux enjeux dont il sera question risque d’être l’environnement. Et les actions à mener sont échelonnées jusqu’en 2025, soit dans quatre ans, exactement la durée d’un autre mandat.

Enfin, ce greenwashing (écoblanchiment) affiché par l’administration municipale coïncide avec l’arrivée d’un tout nouveau parti politique qui pourrait brasser la cage aux élus actuels qui, à ce jour, se sont montrés plus favorables aux promoteurs immobiliers qu’à la qualité de l’environnement. Pensez à Réseau Sélection, aux démolitions de maisons pour faire place à des stationnements, au plan de destruction des trottoirs… Et pendant ce temps, on rêve toujours à la nouvelle promenade Gérard-Côté.