Paul-Henri Frenière
Ti-Poil et nous
Le 13 juin dernier, on a donné le coup d’envoi de ce qu’on a appelé « l’Année Lévesque » à la Grande Bibliothèque de Montréal. Il s’agit d’une série d’événements pour marquer le 100e anniversaire de naissance de l’ancien premier ministre du Québec. René Lévesque, celui que les gens appelaient familièrement « Ti-Poil », a été avant tout journaliste. Or, peu de Maskoutains savent qu’il a déjà collaboré à l’hebdomadaire Le Clairon de Saint-Hyacinthe.
Dans une série de trois textes, publiés en 2001, l’ex-directeur du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, le regretté Jean-Noël Dion, relate le parcours journalistique de Lévesque, notamment son passage au Clairon. Sa collaboration à ce journal fut brève. Le premier texte paraît le 2 août 1946 et le dernier, le 25 novembre 1949. Quel était son sujet de prédilection? La politique? Pas du tout.
Au total, René Lévesque aura publié 126 articles. En majorité, ses textes portaient sur le cinéma, le théâtre et les spectacles de variétés. Selon certains historiens, ses critiques étaient souvent très sévères envers les créateurs, ce qui était très rare à l’époque, puisque les chroniqueurs culturels faisaient plutôt la promotion des œuvres. Mais Lévesque, lui, faisait déjà à sa tête, devenant ainsi un précurseur de la critique moderne.
Le Clairon de Saint-Hyacinthe était alors un journal indépendant. Le propriétaire du temps, Télesphore-Damien Bouchard, maire et député de Saint-Hyacinthe, voulait en faire un journal principalement « culturel ». Pour ce faire, il recrutait des journalistes pigistes compétents de divers horizons, dont René Lévesque, qui allait devenir le premier ministre le plus marquant de l’histoire du Québec.
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« L’Année Lévesque » a donc débuté lundi dernier avec le lancement d’un livre intitulé René Lévesque – Un homme et son siècle, suivi d’une table ronde portant sur l’homme qui a été « à la source d’une fierté nationale », a-t-on affirmé. Parmi les autres activités qui se succéderont, on mentionne l’hommage qui lui sera rendu lors de la Fête nationale 2022. Il y aura aussi l’inauguration, le 24 août (jour de son 100e anniversaire), d’un événement intitulé « Sur les traces de René Lévesque ».
Signalons également l’ouverture de l’exposition René et Lévesque au Musée de la civilisation de Québec, le 17 novembre, et un spectacle hommage en février prochain à Montréal. Des événements sont prévus jusqu’en juin 2023, et d’autres pourraient s’ajouter à la programmation annoncée.
J’ai déjà raconté que j’avais couvert une conférence de presse du premier ministre Lévesque, à Saint-Hyacinthe, en 1982. Il venait faire une annonce concernant l’agroalimentaire. Auparavant, il avait perdu son référendum, il s’était fait flouer par Ottawa avec le rapatriement de la constitution, et ça grenouillait dans son parti pour qu’il démissionne. L’homme avait vieilli. Ça se passait trois ans avant sa démission comme chef du Parti Québécois et cinq ans avant sa mort à l’âge de 65 ans.
Les gens l’appelaient Ti-Poil parce qu’ils le considéraient comme l’un des leurs. Mais, à la lumière de l’importance qu’on lui accorde encore aujourd’hui, on pourrait dire que « Monsieur Lévesque » a été quelque chose comme un grand premier ministre.
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