Chronique

UNE MRC SANS CULTURE ?

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Depuis quelques mois, des gens de la région se rencontrent pour réfléchir à l’avenir économique de la MRC des Maskoutains. C’est bien, on ne réfléchit jamais assez. Mais en parcourant le document synthèse qui rend compte de ces États généraux, il m’a semblé qu’il y avait une grande absente : la culture.

Dans les quatre grands chantiers de réflexion qui y sont proposés, le mot « culture » n’apparaît qu’une seule fois. En cherchant bien, on le retrouve dans le chantier portant sur « L’innovation, les biotechnologies, l’agroalimentaire et l’agriculture ».

Et à quel endroit la culture se retrouve-t-elle ? Quelque part au quatrième point du troisième objectif qui traite du tourisme d’affaires. Le suivi envisagé par le comité se lit comme suit :

« Compléter l’offre touristique autour de l’offre en tourisme d’affaires à l’aide de produits spécifiques du centre-ville, de l’agrotourisme, de la culture, de l’art, du patrimoine et du plein air. »

Alors, si je comprends bien, dans le développement de notre Technopole agroalimentaire, on envisage un tourisme d’affaires où la culture, l’art et le patrimoine maskoutain seraient des « produits spécifiques » au même niveau que l’agrotourisme et le plein air.

On est bien loin de la fameuse théorie de Richard Florida qui veut que les facteurs culturels soient essentiels au développement économique des villes. Il est bien connu que la vitalité culturelle d’une communauté détermine pour une bonne part la capacité d’attirer, de générer et de retenir une « classe créative » de jeunes travailleurs.

Imaginez Montréal ou Québec qui tiendraient des États généraux sur leur avenir économique. Pensez-vous que le volet culturel serait réduit à un vague statut de « produit spécifique » secondaire et marginal ? Montréal a son quartier des spectacles et Québec son nouveau quartier Saint-Roch, peuplé de jeunes créateurs : une initiative concertée du milieu culturel et institutionnel, des instances politiques et du monde des affaires. On a compris que l’offre culturelle – et les gens qui l’a crée –  sont des facteurs essentiels au développement économique et commercial d’une ville et d’une région.

Bien sûr, Saint-Hyacinthe n’est pas Montréal ni Québec. Mais il ne faudrait pas minimiser ses attraits et ses atouts. D’abord c’est une belle ville (on ne l’a pas surnommée « la jolie » pour rien). Son histoire est riche et on ne la connaît pas assez, à mon avis.

Mais ce qui est peut-être le plus important, c’est qu’on perçoit une certaine effervescence culturelle depuis quelques années, particulièrement chez les jeunes. Tant au niveau des arts de la scène, des arts visuels que du multimédia, on constate qu’il y a beaucoup de talents ici.

Enfin, il est étonnant qu’un projet majeur soit passé sous le radar des États généraux. Je parle du Complexe culturel maskoutain (nom provisoire) dont l’étude de faisabilité est prévue en 2014 ou 2015 dans les plans de la ville.

On se rappelle que ce méga projet regrouperait, en un seul lieu, la Médiathèque maskoutaine, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe et le futur Musée régional de Saint-Hyacinthe jumelé au Centre d’exposition Expression.

Grosse affaire ! Et je comprends mal comment on a pu passer à côté dans l’élaboration d’une stratégie pour l’avenir de la région. À moins que la culture ne soit pas dans la mire de ceux et celles qui ont été regroupés pour ces États généraux.

Il faut admettre, cependant, que l’organisation d’une telle démarche doit demander beaucoup de temps, d’énergie et de planification. En cela, on doit lever notre chapeau à la Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains.

Il faut dire, aussi, que les 75 personnes qui se sont attelées à la tâche ont ratissé large en abordant plusieurs thèmes comme les biotechnologies, l’agroalimentaire, la formation, les offres résidentielles et commerciales, de même que le développement durable. Gros travail !

Si j’ai bien compris, le processus n’est pas terminé. Il serait donc encore temps d’intégrer à la réflexion un élément qui, en quelque sorte, définit et distingue vraiment une région : sa culture.

AJOUT: Je viens d'apprendre que l'UNESCO organise un congrès international, en mai prochain, dont le thème est: "La culture: une clé pour le développement durable"