Roger Lafrance
Juliette Petrie, pionnière de la scène
Pour les plus vieux, Juliette Petrie évoque le souvenir d’une vieille dame, une actrice qu’on voyait de temps à autres à la télé et qu’on associait au théâtre populaire d’une autre époque. Dans les faits, cette Maskoutaine a été une pionnière dans un monde où être femme et vivre du théâtre était loin d’être facile.
Juliette Petrie est née avec le siècle, en 1900. Son véritable nom : Marie Juliette Joséphine Yvonne Vermeersch. Elle était fille de Jules Vermeersch, émigré de la Belgique, et d’une mère canadienne française très pratiquante, Angelina Guertin. Son père avait fondé la célèbre boutique de fleurs Vermeersch à Saint-Hyacinthe.
Très jeune, elle était déjà déterminée à mener sa vie comme elle l’entendait. Elle ne voulait pas d’une vie comme en rêvaient la plupart des jeunes filles de l’époque : se marier et avoir des enfants. Elle part donc pour Montréal où elle est couturière pour une riche clientèle.
C’est ainsi qu’elle rencontre Arthur Petrie, d’origine ontarienne, qui dirigeait une troupe de burlesque. Venant des États-Unis, ce genre théâtral réunissait de la danse, du vaudeville et des sketchs comiques. Petrie se faisait un devoir de présenter des spectacles en français.
Après s’être mariée, Juliette Petrie conçoit les costumes de la troupe mais la scène l’attire. Elle aura sa chance lorsqu’elle remplacera un comédien dans une série de spectacles. Sa vivacité d’esprit et son aplomb sont alors ses principaux atouts.
C’était une époque héroïque. La radio débutait à peine et vivre des arts de la scène était difficile. Rapidement, elle dirige avec son mari la troupe Les Poupées françaises tout en continuant de concevoir les costumes et de jouer. Elle sera en fait la première femme à diriger une troupe de théâtre au Québec.
Plus tard, en 1936, elle débute une longue collaboration avec Rose Ouellette qui dirigeait le Théâtre national. Pendant des décennies, elle travaillera sans relâche, enchaînant les spectacles et les tournées aux côtés des plus grands de la comédie de l’époque, les Olivier Guimond père et fils, Manda Parent, Juliette Béliveau et Paul Desmarteaux notamment.
En 1977, elle a publié sa biographie : Quand on revoit tout ça! Le burlesque au Québec 1914-1960. Saint-Hyacinthe a honoré sa mémoire en nommant une rue à son nom dans le quartier Saint-Joseph.
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