Environnement
VASTE CAMPAGNE D’OPPOSITION

SCHISTE : La Ville refuse l’accès au territoire

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Une vaste campagne d’opposition à l’exploitation du gaz de schiste a présentement cours à Saint-Hyacinthe et les environs. Et pour marquer le coup, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Bernier, a tenu à signer publiquement la lettre à cet effet lors d’une conférence presse tenue le 10 janvier dernier à l’initiative du Comité des citoyens pour la protection de l’environnement maskoutain (CCPEM).

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Le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Bernier, a clairement signifié le refus de la ville à l’exploitation du gaz de schiste.
Photo : PHF.

Cette lettre qui revendique le Refus d’accès au territoire est déjà disponible dans différents commerces de la ville et certaines entreprises ont manifesté leur intention de proposer à leurs employés de la signer.

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Jacques Tétreault exhibe la brochure d’explication qui sera disponible dans les salles d’attente.
Photo : PHF

Un blitz de signatures est prévu les 13, 14 et 15 janvier aux Galeries Saint-Hyacinthe, de même que les 28 et 29 chez plusieurs marchands de la municipalité. Le député de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée nationale, Émilien Pelletier, a précisé que le document sera également disponible à son bureau de comté.

Des organismes de la région se joignent à cette campagne, à savoir la Chambre de commerce et de l’industrie des Maskoutains, la Société de développement du centre-ville, Solidarité populaire Richelieu-Yamaska, la Corporation de développement communautaire des Maskoutains et les communautés religieuses pour ne nommer que ceux-là.

La campagne de signatures se terminera le 12 février et les résultats seront dévoilés lors d’une conférence de presse livrée le lendemain par un représentant de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand, réputé pour ses engagements écologistes.

Pourquoi un tel gâchis ?

« Si on laisse aller les choses, ce sont les générations futures qui vont nous le reprocher. Elles vont se demander : Pourquoi ont-ils laisser faire cela, pourquoi un tel gâchis ? ». Celui qui parle, ce n’est pas un écologiste ou un activiste, mais un entrepreneur de la région qui a livré un témoignage très remarqué lors de la conférence de presse.

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Jean-Pierre Rodier.
Photo : PHF.

Jean-Pierre Rodier est le président d’une entreprise (Paysages Rodier) qui prospère depuis 32 ans à la Pointe-du-jour dans le secteur Saint-Thomas-d’Aquin. Il y a quelque temps, on a creusé un puits à 600 mètres de chez lui.

« Initialement, ma famille et moi, on se disait que c’était une bonne chose pour l’économie de la région et du Québec. Mais on a fouillé le dossier et on s’est rendu compte que c’est une industrie qui travaille de façon anarchique et où les risques qui menacent la population ne sont absolument pas contrôlés. C’est un dossier tragique ! » a déclaré l’entrepreneur maskoutain.

Jean-Pierre Rodier a lancé une bombe lorsqu’il a soutenu que le puits creusé à Pointe-du-jour, près de chez lui, pourrait traverser le sous-sol de la ville de Saint-Hyacinthe via un forage horizontal qui peut atteindre 3000 mètres. « La seule chose qui peut les arrêter, c’est lorsqu’ils arrivent à la frontière d’un autre lot. » a précisé l’homme d’affaires. On peut s’imaginer les conséquences sur la qualité de l’eau en cas de problème.

M. Rodier, comme d’autres intervenants du milieu agricole, s’est donc engagé à participer activement à cette campagne d’opposition aux activités des compagnies gazières. Les agriculteurs de la région seront sollicités personnellement au cours des prochaines semaines jusqu’à la mi-février.

Un mouvement plus large

Cette campagne d’opposition s’inscrit dans un mouvement plus large qui gagne tout le Québec. Récemment, la Presse canadienne faisait état que « plus de 20 000 propriétaires fonciers de la vallée du Saint-Laurent ont interdit à l’industrie du gaz de schiste l’accès à leurs terrains. Ils ont complété une lettre fournie par les opposants aux gaz de schiste et adressée aux entreprises gazières. »

Le dossier des gaz de schiste fait la manchette régulièrement depuis plus d’un an et malgré les initiatives du gouvernement provincial pour calmer le jeu (l’Étude environnementale stratégique et les audiences publiques, entre autres), rien ne semble faire baisser la grogne de la population, bien au contraire, on l’attise.

Tout se passe comme si les dés avaient déjà été pipés d’avance et qu’au fur et à mesure où les informations émergent, les ficelles du stratagème apparaissent. Il suffit de regarder la carte de la vallée du Saint-Laurent, divisée en lots (communément appelés des « claims ») pour donner des frissons dans le dos.

 

Saint-Hyacinthe : au cœur de la zone

Les compagnies gazières ont quadrillé le territoire créant ainsi un puzzle délimitant chaque parcelle de terrain exploitable. Pour la région de Saint-Hyacinthe (en vert), c’est la compagnie « 333817 Alberta Ltd. », affiliée à SUNOCO inc., qui a remporté le lot. Le permis d’exploitation est attribué à Canbriam, une entreprise de Calgary.

 

Saint-Hyacinthe est au cœur d’une zone « avec potentiel de gaz de schiste » clairement identifiée sur une carte du ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

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Source : Ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

« Des citoyens ont décidé de faire le travail du gouvernement et d’informer la population sur les dangers potentiels de l’industrie des gaz de schiste, a indiqué Jacques Tétreault, le président du comité de citoyens. Ensemble nous pouvons faire la différence. Ensemble nous pouvons modifier le cours de ce développement » a-t-il conclu en invitant la population à signer la lettre de Refus d’accès au territoire.

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La tabagie Mondor est l’un des commerces du centre-ville où l’on peut signer la lettre.

Le reportage de Bruno Beauregard à TVcogeco :