Environnement

Voyager au cœur des catastrophes

Ciel au-dessus de Bondi Beach, Sydney, Australie, novembre 2019. Photo : Catherine Courchesne

Les feux en Australie, les inondations en Indonésie, le coronavirus en Asie… Partie en voyage pendant un an, j’ai le don de me retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Je me présente : Catherine Courchesne, 39 ans, célibataire, sans enfant. Journaliste pigiste pour plusieurs médias écrits, j’ai le luxe de pouvoir travailler de chez moi, d’un café ou d’une île exotique. J’ai donc décidé de partir à l’aventure pendant un an, tout en travaillant. Faire un petit tour du monde pour voir de quoi le monde a l’air. Et bien! Malgré les paysages et les personnes incroyables que je croise, je réalise à quel point notre planète va mal…

Ça surconsomme

Première destination? Miami. Curieuse de découvrir pourquoi tant de Québécois retraités décident de s’y installer. Miami en juillet, ce n’était pas la meilleure idée : outre la chaleur torride, la saison des ouragans se préparait tranquillement. Heureusement, l’ouragan Dorian a attendu que je parte de Miami pour venir chauffer les fesses de la côte floridienne. Fiou! Ma bonne étoile veillait sur moi.
Deuxième destination? Los Angeles. Là-bas, à part les nombreux avertissements écrits de tsunamis, rien à signaler. Ensuite, direction San Francisco, où le risque élevé de séismes me traversait souvent l’esprit. Mais comme en Floride, aucune catastrophe climatique n’est venue gâcher mon séjour californien. Ce qui a assombri mon séjour américain, cependant, est de constater à quel point les États-Unis restent le paradis de la surconsommation, des voitures et du plastique à usage unique.

Ça chauffe

J’ai eu la chance de quitter la Californie avant le déclenchement des feux de forêts. Décidément, ma bonne étoile se surpassait! C’est une fois que j’ai eu traversé l’océan Pacifique et atterri en Australie que ma bonne étoile a commencé à faiblir… Arrivée à Sydney en novembre, je me suis retrouvée en pleine saison des feux de forêt, dans une ville enfumée. Certains jours, la fumée était si dense que je n’avais d’autres choix que de m’enfermer dans des lieux climatisés. Pour éviter la chaleur, les maux de têtes et surtout, éviter d’inhaler ce brouillard toxique qui équivalait à fumer un paquet de cigarettes par jour!

Les Australiens autour de moi étaient tous inquiets de la situation. J’ai même vu le début de la grande manifestation du 11 décembre, où des milliers de Sydnéens ont marché dans les rues pour presser leur gouvernement à prendre des mesures d’urgence contre le réchauffement climatique. Car plus c’est chaud, plus ça brûle…

Ciel au-dessus de Bondi Beach, Sydney, Australie, novembre 2019. Photo : Catherine Courchesne

Certes, les Australiens sont habitués aux feux de forêts comme les Québécois le sont aux tempêtes de neige. Phénomène naturel en leur terre désertique, les feux sont toutefois de plus en plus intenses avec les années. En 2019, ceux-ci ont atteint une ampleur jamais vue, avec des millions d’hectares brûlés et autant d’animaux morts…

Ça déborde

Fin décembre, j’ai décidé de partir pour Bali, en Indonésie, qui était alors en pleine saison des pluies. Heureusement, à Bali, les précipitations se sont faites très rares. Ce qui n’était pas le cas à quelques kilomètres de là, dans la ville de Jakarta. En effet, dans la capitale indonésienne, les pluies torrentielles ont créé les pires inondations depuis vingt ans, provoquant des glissements de terrains, submergeant des quartiers en entier, forçant des milliers de personnes à évacuer et tuant une soixantaine d’autres. D’ailleurs, en lisant sur le sujet, j’ai appris que les précipitations en Indonésie étaient plus intenses et irrégulières en raison du dérèglement climatique. Et que la ville de Jakarta, tout comme la ville de Miami, étaient condamnées à disparaître sous les eaux, même dans les scénarios les plus optimistes pour freiner le réchauffement climatique. Pendant ce temps, à Bali, je constatais les rivières de déchets que l’industrie touristique massive et sauvage produisait… Un désastre auquel je participais, malgré moi.

Ça se propage

Les États-Unis qui croulent sous des tonnes de CO2 et de plastique, l’Australie qui brûle, l’Indonésie qui se noie sous l’eau et les déchets… Et comme si ce n’était pas assez, me voilà maintenant en Thaïlande, où on a confirmé une vingtaine de cas de contamination au coronavirus. Alors côtoyer des gens qui portent des masques est devenu mon pain quotidien. D’ailleurs, bonne chance pour réussir à vous en trouver un en magasin!

Catherine Courchesne et masque "coronavirus", Sanur, Bali, février 2020. Photo : Catherine Courchesne

Je resterai deux mois en Thaïlande. Où irai-je après? Je l’ignore. Et j’hésite, de peur de me retrouver de nouveau en plein cœur d’un cataclysme climatique ou humain. Cela dit, existe-t-il encore sur cette Terre un lieu protégé de tels bouleversements? Répondre oui serait bien naïf, malheureusement.