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Philippe Gentile : Taxidermiste, pour l’amour de la faune

Philippe Gentile dans son atelier de Saint-Hyacinthe. Photo : Roger Lafrance

Dans un monde où la protection de la nature et de l’environnement est une valeur dominante, Philippe Gentile nage à contre-courant. Pourtant, à sa façon, il est un amant de la nature et, par son travail, il célèbre la beauté des espèces animales.

Chasseur depuis sa jeune enfance grâce à son père, il s’est fait tout naturellement technicien de la faune. Pendant plusieurs années, il a réalisé des études d’impacts dans les régions éloignées du Québec, avant que s’ébranlent de grands projets hydroélectriques ou miniers.             « Nous sommes toujours les premiers à mettre le pied sur le terrain lorsqu’un projet est annoncé », raconte le Maskoutain.

La taxidermie l’ayant toujours fasciné, comme son travail était saisonnier, il s’est tourné vers cette technique de conservation pour combler les mois d’hiver et les périodes de chômage. Aujourd’hui, ce métier est devenu son travail à temps plein, et sa renommée n’est plus à faire. Le printemps dernier, il a remporté le premier prix lors d’une compétition réunissant de nombreux taxidermistes pour un chevreuil qu’avait tué son fils. Inutile de préciser que le trophée occupe une place de choix dans sa maison.

Philippe Gentile dans son atelier de Saint-Hyacinthe. Photo : Roger Lafrance

« J’ai deux types de clientèles : les chasseurs du Québec qui veulent garder un souvenir de l’animal qu’ils ont abattu et les non-résidents qui viennent ici chasser dans une pourvoirie et qui désirent ramener le trophée de leur animal. »

Ces derniers viennent de partout, surtout d’Europe et des États-Unis. Aujourd’hui, ils représentent tout de même 30 % de sa clientèle. En fait, ils ne sont que quelques taxidermistes québécois à expédier un animal naturalisé à l’autre bout du monde, car cette tâche est loin d’être aisée avec la paperasserie et les normes sanitaires qui varient d’un pays à l’autre.

La taxidermie est un travail complexe qui allie l’art de traiter la fourrure et de mettre en valeur l’animal. Pour y arriver, il doit choisir comment il entend présenter l’animal : debout ou marchant, attendant sa proie ou se préparant à attaquer. La touche finale sera mise sur les yeux ou la gueule de la bête, alors que le taxidermiste devient maquilleur.

« L’art de notre métier, c’est de savoir saisir l’expression de l’animal, explique-t-il. Les qualités d’un bon taxidermiste sont la minutie et le sens de l’observation de la nature, de la symétrie et de l’expression. Il faut bien connaître la morphologie de l’animal. »

Il lui arrive aussi de naturaliser des bêtes venues de l’autre bout du monde. Ses clients sont alors des chasseurs québécois qui désirent conserver un souvenir tangible de leur excursion. Sa pièce la plus illustre ? Une girafe qu’un chasseur maskoutain désirait naturaliser. Celle-ci fut d’ailleurs en montre un certain temps dans un commerce de chasse et pêche de Saint-Hyacinthe.

Célébrer la beauté de l’animal

En ces temps de rectitudes politiques, il est facile de juger son travail ou encore la pratique de la chasse. Ici s’affrontent deux visions face à la préservation de l’environnement : la vision des citadins et celle des habitants de la campagne.

Philippe Gentile appartient résolument à la seconde catégorie pour qui la chasse est un mode de vie. Son métier vise à célébrer la beauté de l’animal.

« La chasse, au Québec, sert en grande partie à réguler les populations. On le voit présentement avec les chevreuils qui sont si nombreux qu’ils causent toutes sortes de dommages. Personnellement, j’aime bien mieux manger un steak d’orignal qu’un bœuf qui a été élevé à grande échelle avec des hormones de croissance. Un orignal de 7 ou 8 ans, qui est mort en 10 ou 15 secondes, c’est de la viande bio. Et sa mort n’a aucun impact sur l’environnement. »