Politique

Demande d’enquête sur l’administration Corbeil

La citoyenne, Nicole Jetté. Photo : Nelson Dion

La période de questions de la dernière séance du conseil municipal de Saint-Hyacinthe s’est terminée par une douche froide. Le maire Claude Corbeil et les membres du conseil ont appris qu’une demande d’enquête sur leur administration des quatre dernières années avait été déposée auprès de la Commission municipale du Québec.

C’est la citoyenne Nicole Jetté qui en a fait l’annonce, exposant au préalable les motifs de sa démarche, à savoir une série de fautes commises par l’administration Corbeil. Visiblement irrité par les propos de madame Jetté, le maire lui a demandé d’abréger.

La citoyenne, Nicole Jetté. Photo : Nelson DionEn effet, la liste des récriminations de la citoyenne était longue. Dans un document de sept pages, dont MOBILES a obtenu copie, Nicole Jetté relève une douzaine de dossiers pour lesquels la Ville a fait preuve de laxisme ou carrément d’incompétence. « Les divers projets menés par M. Corbeil au cours des dernières années nous amènent à constater sa tendance à prendre des décisions pour le moins irréfléchies » écrit-elle en introduction.

Au chapitre des choix douteux de l’administration municipale, on évoque la désastreuse campagne publicitaire visant à donner une nouvelle identité visuelle à la région. Cette campagne « déroutante », à laquelle se sont associés plusieurs partenaires corporatifs, aura coûté plus d’un million de dollars.

On qualifie, en outre, de « mauvaise décision » l’implantation d’horodateurs principalement au centre-ville. Malgré la grogne des citoyens et des commerçants, on avance que le maire a choisi d’aller de l’avant en se disant « persuadé que les avantages compenseront largement les inconvénients liés à cette tarification ».

Le centre des congrès municipal est également dans la mire de Nicole Jetté. La Ville a procédé sans appel d’offre et a ainsi offert à son partenaire privé, promoteur de l’hôtel adjacent, des bénéfices considérables. « C’est une entente qui semble gagnante sur toute la ligne pour le promoteur privé. Les citoyens se questionnent » écrit-elle.

À noter que le document déposé à la Commission municipale est accompagné d’une annexe de 25 pages où chacun des arguments est étayé.

Section des argents perdus

La requérante revient aussi sur des événements que l’on pourrait qualifier « d’actes manqués » qui ont coûté cher aux contribuables maskoutains. Entre autres, la rénovation du vieux marché public : « Aucune demande de fonds n’a été déposée aux autres paliers de gouvernement pour la réfection de ce bâtiment pourtant classé historique », relève-t-elle. On estime les coûts de rénovation à environ 7 millions.

Dans la section des argents perdus, on signale aussi l’achat d’un terrain au centre-ville destiné à la construction d’un HLM. « Le 9 mars 2017, le terrain de la rue Concorde a été vendu 61 000$ à une firme de gestion immobilière (…). Le 14 juin de la même année, la Ville lui achète pour 288 243$ sans même en négocier le prix. Elle a ainsi payé ce terrain 227 243$ de plus que ce qu’elle aurait payé 3 mois plus tôt ».

On déplore enfin le comportement de la Ville dans le dossier de Réseau Sélection. Nicole Jetté écrit : « Actuellement, l’empressement du maire à réaliser le projet de Réseau Sélection qui veut implanter une tour de 15 étages dans un cadre bâti de 2 et 3 étages, berceau de l’histoire de Saint-Hyacinthe, pose d’innombrables questions aux citoyens. Ce projet risque d’avoir de graves répercussions, mais le maire refuse pourtant de commander une étude d’impact indépendante et de faire une véritable consultation publique prétendant qu’il s’agit d’un projet privé – malgré l’importance de fonds publics qui devront y être investis ».

Des décisions coûteuses

Finalement, la citoyenne conclut : « Au total, les décisions douteuses de l’administration Corbeil auront coûté 34 308 143$ aux contribuables maskoutains. Si on y ajoute le projet Réseau Sélection qui est actuellement sur la table, c’est plus de 38 M$ que les Maskoutains auront sortis de leur poche pour financer des décisions auxquelles ils se sont souvent opposés. »

Le document remis à la Commission municipale du Québec relève d’autres exemples de problèmes de gouvernance et inclut un certain nombre de demandes visant un changement radical des pratiques de l’administration Corbeil.

Au moment d’écrire ces lignes, Nicole Jetté n’avait pas encore reçu de réponse de la commission, sinon un accusé de réception. Chose certaine, son travail constitue déjà un solide argumentaire pour quiconque voudrait se présenter aux prochaines élections municipales l’automne prochain.