Paul-Henri Frenière
LA RÉFORME HARPER INQUIÈTE LES MASKOUTAINS
Près d’une cinquantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la députée de Saint-Hyacinthe-Bagot, Marie-Claude Morin, pour entendre parler d’assurance-emploi. C’est sa collègue, Anne-Marie Day (Charlesbourg-Haute-Saint-Charles), porte-parole du NPD en cette matière, qui a présenté les différents changements au régime qu’impose le gouvernement de Stephen Harper.
La rencontre d’information a eu lieu le 14 novembre dernier et se tenait dans le cadre d’une grande tournée « pancanadienne » que le NPD a amorcée.
Dans la salle du centre Rosalie-Papineau, il y avait des chômeurs, bien sûr, mais également des représentants d’organismes communautaires et syndicaux, de même que certains employeurs de la région visiblement inquiets des nouvelles mesures envisagées.
«Plusieurs de mes travailleurs saisonniers me posent des questions et l’information est difficile à trouver» a fait remarquer un employeur. Anne-Marie Day a suggéré de s’adresser au bureau de la députée pour obtenir des réponses ou encore au Mouvement Action Chômage de Saint-Hyacinthe (MAC).
Le coordonnateur du MAC, Yvan Boulay, était d’ailleurs dans la salle pour répondre aux questions plus spécifiques venant des participants. Par exemple, quelques employés municipaux s’inquiétaient de l’obligation d’accepter tout travail alors qu’ils doivent être disponibles lorsque la Ville les appelle pour le déneigement.
Des conséquences désastreuses, selon le NPD
La réforme contenue dans le projet de loi «mammouth» C-38 comprend plusieurs mesures qui toucheront directement les chômeurs, c’est évident, mais le NPD estime que les conséquences seront beaucoup plus larges.
«Les mesures proposées contribueront à l’appauvrissement des familles et à la perte de la main-d’œuvre qualifiée et spécialisée pour les employeurs. L’économie de plusieurs régions sera particulièrement affectée et les travailleurs saisonniers seront parmi les plus durement touchés» indique-t-on.
Le principal changement réside dans la définition même d’un «emploi convenable». Auparavant, un salarié qui perdait son travail avait droit à des prestations tant qu’il ne se trouvait pas un emploi dans son domaine avec des conditions salariales à peu près équivalentes.
Or, la nouvelle définition de "l’emploi convenable" – version conservatrice – abaisserait les critères de sélection du travailleur en chômage. Au bout de quelques semaines, il devrait absolument accepter n’importe quel emploi pour lequel il est qualifié, sous peine de perdre ses prestations.
De plus, le gouvernement fédéral divise dorénavant les chômeurs en trois catégories: les travailleurs de longue date, les prestataires occasionnels et les prestataires fréquents. Les conditions se durcissent progressivement pour les deux dernières catégories : un couloir qui, à la limite, conduit à l’exclusion de l’assurance-emploi et à l’aide sociale.
«Le taux d’admissibilité à l’assurance-emploi est déjà au plus bas en une décennie. Avec ces changements, le gouvernement veut le réduire encore plus, alors qu’il est clair que l’argent de l’assurance-emploi appartient aux travailleurs et aux employeurs qui y cotisent. Le gouvernement n’y verse pas un cent!» dénonce Madame Day.
Pas au bout de ses peines
Et le chômeur qui aura finalement droit à des prestations ne sera pas au bout de ses peines. On exigera de lui qu’il soit à la recherche « active » d’emplois. «Certaines de ces mesures existaient déjà, remarque Yvan Boulay. La seule différence, c’est que les fonctionnaires seront invités à serrer la vis encore davantage».
Ainsi, le prestataire vivant dans une région semi-rurale, comme Saint-Hyacinthe, devra faire au moins trois recherches d’emploi par semaine et consigner ses démarches dans un carnet à cette fin.
«Il n’est pas nécessaire d’envoyer son CV à chaque fois, précise Yvan Boulay. Un appel téléphonique, une conversation, une visite chez un employeur potentiel peut constituer une démarche. L’important, c’est de tout noter dans son carnet».
De plus, le prestataire devra accepter un travail même s’il se situe à une heure de route. «Imaginez un couple vivant à Saint-Hyacinthe et qui a de jeunes enfants. Si le père travaille à Sorel et la mère à Granby, qui va se rendre à la garderie ou à l’école en cas d’urgence ?» fait remarquer le coordonnateur du MAC.
Appel à la mobilisation
À l’instar de son parti, la députée Marie-Claude Morin estime qu’il faut agir pour contrer cette réforme qui touchera à peu près tout le monde. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas seulement les chômeurs qui sont concernés, mais également tous les travailleurs actuels et leurs employeurs» dit-elle.
La députée encourage la population à s’informer pour savoir à quoi s’attendre des plans du gouvernement de Stephen Harper. De plus, le NPD propose un certain nombre « d’outils de mobilisation » dans le cadre de sa tournée.
On parle de signer des pétitions ; faire connaître son mécontentement aux élus ; participer à des manifestations ; écrire à la ministre et de se rallier à des groupes de défense des droits des chômeurs comme le MAC de Saint-Hyacinthe, par exemple.
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