Ruralité

Alexandre Daviau : le fermier paysan

« Je produis un porc élevé à l’ancienne, explique Alexandre Daviau. Je cherchais une appellation qui se différencierait du biologique et qui ne serait pas du porc conventionnel. » Photo Roger Lafrance

Alexandre Daviau est un agriculteur paysan dans le sens le plus noble du terme. Dans le fief d’Olymel, à Saint-Valérien-de-Milton, il produit des porcs fermiers, une appellation de son cru.

« Courageux ? », lui demande-t-on. « Plutôt de la naïveté », répond-il avec franchise. Chose certaine, ces deux qualités sont essentielles pour aller à contre-courant de l’agriculture conventionnelle.

Alexandre Daviau a toujours voulu être agriculteur, lui qui, tout jeune, accompagnait son grand-père dans ses tournées de ramassage de lait. Ayant abandonné l’école, il s’est retrouvé, durant plusieurs années, au sein de l’entreprise familiale de plomberie. Il s’est fait producteur en élevant des veaux de lait pour des intégrateurs locaux, jusqu’à ce qu’une chute de neige abondante endommage grandement son bâtiment de ferme. C’est alors qu’il a décidé de revenir sur les bancs d’école en gestion d’entreprise agricole pour ensuite se lancer dans la production de porc fermier.

« Je produis un porc élevé à l’ancienne, explique-t-il, en entrevue, à Mobiles. Je cherchais une appellation qui se différencierait du biologique et qui ne serait pas du porc conventionnel. »

Son porc fermier reprend plusieurs aspects de la production bio. Toutefois, la certification bio comporte un cahier de charge imposant qui entraîne une hausse importante des coûts de production. C’est pourquoi le jeune producteur a préféré y aller de sa propre appellation.

« Je produis un porc élevé à l’ancienne, explique Alexandre Daviau. Je cherchais une appellation qui se différencierait du biologique et qui ne serait pas du porc conventionnel. » Photo Roger Lafrance

Comment son porc se distingue-t-il ? Par son alimentation à laquelle il intègre des résidus de production alimentaire, tels que du fromage provenant de certaines fromageries, du pain et des résidus de pommes ayant servi à la fabrication de cidre. Il faut savoir que le porc est un animal omnivore.

« Je valorise des résidus alimentaires qui, autrement, prendraient le chemin du centre d’enfouissement, explique-t-il. Dans les faits, je travaille à contrer le gaspillage alimentaire. »

Et ce ne sont pas ses porcs qui vont s’en plaindre ! Cette année, pas moins de 32 tonnes de fromage ont été recueillies sur sa ferme, et 68 000 pains. « Cela me permet de produire une viande beaucoup moins grasse, avec une chair plus foncée et une texture différente. »

Les défis d’un fermier artisan

La production porcine, au Québec, est fortement intégrée. Choisir la voie artisane ou paysanne comporte son lot de défis, car le producteur doit tout réinventer.

Ainsi, Alexandre Daviau s’applique à refaire toute la chaîne de production pour offrir les produits de son élevage aux consommateurs : trouver l’abattoir où faire abattre ses bêtes, le boucher pour préparer ses pièces de viande, et procéder à sa propre mise en marché. Les entreprises qui peuvent accueillir les fermiers artisans sont de moins en moins nombreuses.

La vente de ses produits se fait directement à la ferme, ainsi qu’à la Cidrerie Milton, à Sainte-Cécile-de-Milton. Sa mise en marché s’appuie principalement sur le bouche-à-oreille et sa page Facebook.

« Mon plus grand souhait, c’est de vivre plus aisément de ma production, affirme-t-il. Pour l’instant, je réinvestis la majeure partie de mes profits pour améliorer ma ferme, mais j’aimerais développer davantage la transformation et, éventuellement, ouvrir une boutique à la ferme. »

Produire de façon paysanne exige énormément de ténacité et de courage, mais Alexandre Daviau ne reviendrait pas sur sa décision. « L’agriculture, pour moi, c’est une vocation. Je ne compte pas mes heures, mais j’ai aussi la liberté du travailleur autonome. »