Ruralité

Famille Lavallée : Le dindon, bête méconnue

Maryse Labbé et Mérédith Lavallée à l’intérieur de leur nouveau kiosque à la ferme. Photo : Roger Lafrance

La dinde est un des mets emblématiques du temps des Fêtes, comme le ragoût de boulettes et la tourtière. On en mange aussi à l’Action de grâce, mais cela, c’est davantage une influence de la culture américaine.

Or, le dindon (comme il faut l’appeler) demeure une viande méconnue des Québécois. En dehors du temps des Fêtes, on en consomme très peu.

Maryse Labbé et Mérédith Lavallée à l’intérieur de leur nouveau kiosque à la ferme. Photo : Roger Lafrance

« C’est une question de culture, car les anglophones en mangent davantage durant toute l’année, affirme la productrice Maryse Labbé. On essaie d’inciter les Québécois à en mettre sur leur table, mais c’est difficile. Même les épiciers ont des difficultés à le mettre en valeur dans leurs rayons. »

La ferme de la famille Labbé-Lavallée, Volailles Labbé-Lavallée et filles, a des racines profondes à Saint-Hyacinthe. Il y a longtemps que les Lavallée pratiquent l’agriculture sur la rue des Seigneurs Est, entre Sainte-Rosalie et le secteur Saint-Joseph. Les filles de Maryse Labbé et de Patrick Lavallée, Mérédith et Mathilde, représentent, en effet, la sixième génération.

La ferme est diversifiée. Bien connue pour la production de poulets et d’œufs, elle élève aussi des poulettes d’élevage, des porcs et, depuis 2008, des dindons.

Pourquoi le dindon ? Tout simplement parce que le couple entrevoyait déjà le moment où leurs filles se joindraient à l’entreprise. Il fallait donc en augmenter les revenus. Ne pouvant accroître leur élevage de poulets, secteur contrôlé par la gestion de l’offre, Maryse et Patrick ont opté pour une belle solution de rechange : le dindon.

La famille Labbé-Lavallée s’est donc orientée dans l’élevage de dindons lourds. Il existe, en effet, deux types de production dans le dindon. Le dindon léger (!), qui pèse entre 4 et 9 kilos, est celui qu’on retrouve en épicerie au moment de la période des Fêtes. Le dindon lourd, lui, fait plutôt de 15 à 16 kilos. Il est destiné au marché de la découpe et de la transformation, par exemple, pour les viandes à sandwichs.

Évidemment, hormis la grosseur des bêtes, élever du dindon s’apparente quand même à la production de poulets. Toutefois, le dindon est moins sujet aux maladies. Il grandit dans des bâtiments suffisamment vastes pour assurer son bien-être.

« Le dindon est une bête sociable, souligne Maryse Labbé. Si tu lui parles, il va te répondre ! Quand tu te déplaces dans le bâtiment, il va te suivre. Depuis quelques années, nous réussissons même à produire un dindon sans l’aide d’aucun antibiotique. »

Les effets de la pandémie

En raison du semi-confinement qui aura lieu aux Fêtes, on risque de retrouver beaucoup moins de dindons sur nos tables. Une autre tuile dont les producteurs se seraient bien passés en cette année pas ordinaire.

Comme dans bien d’autres productions, la pandémie a chamboulé la chaîne de production agroalimentaire. La plupart des dindons, au Québec, sont abattus chez Unidindon, à Saint-Jean-Baptiste. Si l’usine est toujours demeurée ouverte, la production a dû être ralentie au printemps, ce qui s’est répercuté chez les producteurs.

« Dans la volaille, les cycles de production sont orchestrés longtemps à l’avance, indique Maryse Labbé. Quand survient un délai, ça nous oblige à devoir réaménager toute notre cédule à la ferme, car dès que des dindons quittent nos poulaillers, d’autres doivent y entrer. » Avec la fermeture des entreprises et des écoles, la demande a aussi subi des soubresauts, notamment au niveau des lunchs, puisque les préparations à sandwichs sont un important marché pour le dindon lourd.

L’an dernier, la famille Labbé-Lavallée a érigé un nouveau kiosque à la ferme pour les personnes intéressées à s’approvisionner en œufs, saucisses et découpes de poulet et de dindons. Elle a implanté une formule libre-service où les clients prennent les produits qu’ils désirent et acquittent eux-mêmes la facture. Le kiosque se veut, pour le couple et leurs filles, une façon de se rapprocher des consommateurs et, aussi, de profiter de l’un des rares bienfaits de la pandémie, celui d’encourager l’achat local.

Post-Scriptum :

Désireux d’en découvrir davantage sur la famille Labbé-Lavallée ? Dans le cadre de la série Ensemble #cheznous, Mobiles a réalisé un reportage vidéo sur cette ferme bien maskoutaine. Celui-ci est disponible sur la plateforme YouTube ou sur la page Facebook de votre journal.