Ruralité

Ferme Dominic Lussier : Fous de la tomate ancestrale

Dominic et Judith Lussier avec leurs deux enfants, Édouard et Arthur, parmi les rangs de tomates. Photo : Ferme Dominic Lussier

Si vous avez l’habitude de faire votre marché dans un IGA, vous avez sûrement remarqué leurs tomates. Elles ne ressemblent à aucune autre : elles sont joufflues, juteuses et, pour certaines, d’un rouge presque noir.

Ces tomates ancestrales viennent tout droit des serres de la Ferme Dominic Lussier, à Saint-Damase. Dominic et Judith Lussier approvisionnent tous les IGA du Québec ainsi que les Fermes Lufa, l’entreprise qui installe ses serres sur les toits d’édifices industriels, à Montréal.

Dominic et Judith Lussier avec leurs deux enfants, Édouard et Arthur, parmi les rangs de tomates. Photo : Ferme Dominic Lussier

Le jeune couple est la 9e génération de Lussier à faire de l’agriculture à Saint-Damase. C’est en 2012 que le jeune couple a acheté la ferme familiale, située sur le rang Saint-Louis, afin d’approvisionner le kiosque que gèrent les parents de Dominic au marché Jean-Talon, à Montréal.

« La culture en champs est vraiment difficile, confie Judith Lussier. Quand les rendements sont là, le prix n’y est pas et quand la météo s’en mêle, c’est difficile d’atteindre la rentabilité. »

C’est ce qui les a amenés à construire une première serre où ils pouvaient contrôler tous les aspects de la production. Ils y ont planté des variétés traditionnelles — une variété de rouge, de rose et de tomates cerises —, auxquelles ils ont ajouté une variété ancestrale. Celle-ci s’est révélée leur coup de cœur.

Au fil des années, ils ont ainsi délaissé la culture en champs et les variétés traditionnelles pour ne se consacrer qu’aux tomates ancestrales. Aujourd’hui, dans leurs six serres, ils cultivent six variétés aux formes et aux couleurs tout aussi variées : des tomates rouges, bien sûr, mais aussi une noire et une orange.

« On voulait se différencier dans le marché, explique Judith Lussier à Mobiles. On souhaitait d’abord attirer l’œil du client, mais aussi offrir un produit de qualité qui se démarque par sa saveur. »

La tomate de serre n’a pas toujours eu bonne réputation. Pendant longtemps, celles qui venaient de Floride ou du Mexique servaient surtout à assurer l’approvisionnement en hiver. Aujourd’hui, de gros producteurs québécois fournissent les supermarchés tout au long de l’année. Toutefois, leurs variétés sont souvent choisies pour leur fermeté, leur durée de vie dans les étalages et leur uniformité, non en fonction de leur goût.

Leurs variétés ancestrales se distinguent de toutes les tomates dans le marché. Photo : Ferme Dominic Lussier

« Nos variétés sont moins acides et plus goûteuses. Elles sont, par contre, plus sensibles, plus exigeantes et procurent moins de rendements que les variétés traditionnelles. »

Changer le monde par la tomate

Dominic et Judith Lussier ne manquent certainement pas de détermination. On sait à quel point il est difficile d’approvisionner une chaîne comme Sobeys, et tous les IGA, pour les petits producteurs.

Quand on demande à Judith Lussier quel défi cela a représenté, elle répond que tout a été relativement facile et que Sobeys a été un partenaire de choix. C’est avec cette même confiance qu’ils abordent l’avenir.

Le couple vient de mettre au point une sauce tomate en utilisant des fruits déclassés pour la vente. Malheureusement, ces sauces ne sont pour l’instant disponibles que chez les Fermes Lufa, dans leurs paniers de légumes.

Comment voient-ils leur entreprise dans cinq ans ? « Partout ! répond Judith Lussier, avec enthousiasme. On veut changer le monde de la tomate par la saveur du produit. On veut changer la perception des gens par rapport à la tomate de serre. »