Ruralité

Ferme Kobec : Le nec plus ultra du bœuf

Simon Hamelin et Mélissa Daigle au milieu de leur étable en compagnie de leurs enfants Loïk, Mathis et Zoé. Photo : Roger Lafrance

Nos campagnes regorgent de surprises. Qui pourrait se douter que, sur un rang de Saint-Bernard-de-Michaudville, on retrouve le nec plus ultra de la race bovine ?

Au Japon, la race wagyu est un véritable joyau national, celle qui est à la base des célèbres bœufs de Kobe, qui est le nom de la région où ces animaux sont élevés. On les bichonne littéralement avec des massages, une alimentation soignée et en les gardant à l’abri de tout stress.

« Oui, on dorlote nos bêtes, mais pas au point de les masser ! On se contente de les brosser », confie l’agricultrice Mélissa Daigle.

Simon Hamelin et Mélissa Daigle au milieu de leur étable en compagnie de leurs enfants Loïk, Mathis et Zoé. Photo : Roger Lafrance

Rien ne les prédestinait, elle et son conjoint Simon Hamelin, à devenir producteurs agricoles. Tous deux œuvraient dans un tout autre domaine : la production de décors pour les événements, les centres commerciaux ou la télé. Si Simon n’avait même jamais touché à une vache de sa vie, Mélissa, elle, était une fille d’agriculteurs, ayant grandi à Saint-Bernard.

Mais un jour, le couple en a eu assez des cônes orange. L’idée de revenir vivre à la campagne a alors germé.

C’est un peu le hasard qui les a mis sur la piste du bœuf wagyu, en apprenant que des sujets de cette race étaient disponibles au Québec. Après avoir goûté à un steak, ils ont compris tout le potentiel que cette viande pouvait receler.

Ils ont débuté avec trois femelles qu’ils ont installées dans l’étable d’un oncle. Puis, grâce à l’implantation d’embryons, ils ont pu se bâtir un troupeau tout en faisant la vente à d’autres éleveurs québécois. Aujourd’hui, leur cheptel comprend 60 têtes qu’ils élèvent dans un tout nouveau bâtiment pour leur donner tout le confort possible.

Chaque année, ils mettent en marché entre 15 et 20 bouvillons. Cependant, cette viande est si recherchée que leur production est déjà réservée jusqu’en 2020 !

« Notre marché s’est bâti avec le bouche-à-oreille, indique Simon Hamelin, principalement par notre présence dans certains marchés publics, dont celui de Saint-Bruno. On vend notre production en semi-carcasse afin de minimiser les pertes. Cela permet à nos clients d’obtenir une découpe personnalisée et des pièces de viande qu’on ne voit nulle part ailleurs. »

Une viande unique

C’est le persillage de la viande qui la rend si unique. Le gras réparti à travers les muscles lui donne une tendreté sans pareille et un goût de beurre. La viande fond dans la bouche. « C’est comme de croquer dans une barre de chocolat Aero », illustre Mélissa Daigle.

La viande se vend trois fois le prix du bœuf régulier. Il faut préciser qu’élever un bouvillon wagyu coûte beaucoup plus cher puisque les bêtes sont abattues à un âge plus avancé, à 28 mois, afin de permettre au persillage de se développer.

À la ferme Kobec, on a choisi une formule stricte. La plupart des bouvillons sont full-blooded, c’est-à-dire pure race. Simon et Mélissa ne font pas non plus de compromis sur l’alimentation et tout est mis en œuvre pour éliminer le plus de stress possible aux bêtes.

Viande haut de gamme, le bœuf wagyu est un autre exemple que l’agriculture de la région est beaucoup plus diversifiée qu’on peut le penser. Pour le couple Daigle-Hamelin, l’avenir est prometteur, car la demande dépasse l’offre pour cette viande. Tous deux ont bon espoir de faire grandir leur troupeau, et ce, sans aller à l’encontre de leurs méthodes de production.