Ruralité

L’agriculture comme une vocation

Ève Bouchard est tombée en amour avec les chèvres Boer au point d’en devenir productrice. Photo : Roger Lafrance

La plupart des agriculteurs vous le diront : on pratique l’agriculture comme une vocation. S’il fallait calculer tout le temps qu’on y consacre en fonction des revenus, il serait souvent plus payant de faire autre chose.

Pour Ève Bouchard, c’est beaucoup cette réalité. En plus, elle a choisi une production méconnue pour la plupart des Québécois : l’élevage de chèvres Boer. Elle ne vise pas à devenir riche avec sa ferme, mais plutôt à la faire grandir au point où, un jour, elle pourra en vivre.

Comme bien d’autres, rien ne la destinait à devenir agricultrice. Diplômée de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), elle a œuvré pendant 10 ans dans une rôtisserie Saint-Hubert. Son conjoint et elle recherchaient un cadre de vie champêtre pour leurs trois enfants. Une maison à vendre dans le 5e rang de La Présentation fut leur premier coup de cœur.

Le deuxième fut une chevrette nommée Clochette. « Au début, nous voulions faire de l’autosuffisance, raconte-t-elle à Mobiles. La première année, on s’est acheté des poules, des lapins. Puis, la deuxième, un veau, un agneau et une chevrette. Je suis tombée en amour avec les chèvres. C’est un animal vraiment attachant. C’est là que j’ai décidé d’élever de la chèvre de boucherie. »

Ève Bouchard est tombée en amour avec les chèvres Boer au point d’en devenir productrice.  Photo : Roger Lafrance

Il y a cependant tout un monde entre la restauration et l’élevage ! En plus de suivre différentes formations, elle a acquis quelques bêtes afin de monter son troupeau. Elle a également intégré le Regroupement des éleveurs de chèvres de boucherie du Québec (RECBQ) qui regroupe une cinquantaine de membres. « Au départ, mon intention était de produire une viande pour le monde de la gastronomie tout en développant des petits produits pour les gens. »

La viande de chevreau est relativement méconnue au Québec, même si, dans le monde, elle est grandement consommée. C’est une viande faible en calorie et en gras, mais riche en protéines.

Présentement, la Ferme des Cinq compte 15 chèvres pouvant donner naissance à 2 à 3 chevreaux par année. Il faut environ neuf mois pour rendre un chevreau à maturité. Chaque carcasse peut donner de 55 à 59 livres de viande.

Ethnie et gastronomie

Évidemment, lorsqu’on adopte un élevage aussi particulier, l’un des premiers défis est de faire connaître cette viande aux consommateurs. Pour y arriver, Ève Bouchard participe à plusieurs marchés de producteurs locaux, dont les Matinées gourmandes de la MRC des Maskoutains.

« Je dois faire connaître le produit, car les gens se demandent toujours si cela se mange. Ils sont nombreux à penser que la viande va goûter le fromage de chèvre, ce qui n’est pas du tout le cas. »

Comme la plupart des éleveurs québécois, elle a opté pour la race Boer qui offre un bon rendement en matière de viande. Ses chevreaux ont été adoptés par le restaurant L’Empanaché qui le met régulièrement à son menu. Sinon, sa production est vendue sous diverses découpes ou encore transformée en pâtés et terrines en collaboration avec l’entreprise Chevreau Gourmet. Elle s’apprête notamment à produire ses propres recettes.

Pour l’instant, la Ferme des Cinq envisage toujours d’augmenter son cheptel afin d’atteindre une certaine rentabilité. Ève Bouchard ne veut pas brûler les étapes. Dans les productions marginales comme la sienne, il vaut mieux y aller lentement, mais sûrement.

« Je veux rester une production familiale et artisanale, tout en grossissant toujours. J’ai des clients qui partent de loin pour venir s’approvisionner à la ferme. Pour moi, cet aspect est important et je veux conserver ce contact avec les gens. »

Au fait, pourquoi avoir choisi le nom de Ferme des Cinq ? D’abord, pour les cinq membres de la famille, et parce que la ferme est située sur le 5e rang. Pas plus compliqué que ça !