Ruralité

Ma cabane à la maison, ou comment sauver sa saison des sucres

Pour Hélène Belley, la campagne Ma cabane à la maison a sauvé leur saison des sucres. Photo Roger Lafrance

Si on devait résumer en quelques mots ce qui définit un Québécois, on serait certain de retrouver le temps des sucres ou le sirop d’érable en tête de liste. La sortie dans une cabane à sucre, avec le repas traditionnel et la tire sur la neige, fait partie des traditions bien ancrées chez beaucoup d’entre nous. Or, s’il y a quelque chose que la pandémie a anéanti, c’est bien la saison des sucres.

« 2020 a été une année de m****, a lancé, tout de go, la copropriétaire de l’Érablière L’Autre Versan, Hélène Belley, avant de se reprendre aussitôt. N’écrivez pas ça ! On va dire plutôt que ce fut une année difficile… »

La salle de l’érablière de Sainte-Hélène-de-Bagot est demeurée fermée tout le printemps dernier. Ce fut le cas aussi pour la petite boutique, normalement ouverte toute l’année, où on peut trouver des produits de l’érable, des pâtisseries et des chocolateries.

Pour Hélène Belley, la campagne Ma cabane à la maison a sauvé leur saison des sucres.  Photo Roger Lafrance

Même après la réouverture des commerces, il a fallu attendre tard à l’automne avant que les affaires reprennent à l’approche du temps des Fêtes. « Ce sont les compagnies qui nous ont donné un bon coup de main en se procurant des emballages-cadeaux. Pour les gens, c’était compliqué de venir. »

Par ailleurs, quand s’est pointé le temps des sucres, cette année, une autre saison de misère s’annonçait. Hélène Belley et son conjoint, Stéphan Roy, ont alors choisi de participer à l’initiative Ma cabane à la maison, lancée par Stéphanie Laurin, cofondatrice de l’Association des salles de réception et érablières du Québec (ASEQC) et, elle-même, copropriétaire d’une érablière. En tout, 70 cabanes à sucre ont adhéré au projet de fournir des boîtes livrables directement aux consommateurs. Dans la région maskoutaine, deux érablières ont pris part à l’initiative : L’Amalgame, à Saint-Hyacinthe, et l’Érablière L’Autre Versan. La réponse a été inespérée.

Pour Hélène Belley, Ma cabane à la maison a sauvé leur saison des sucres. Pourtant, lorsqu’on lui a présenté le projet, elle était indécise. Les coûts d’adhésion étaient quand même importants. « Je me suis dit que ça ne pouvait pas être pire, explique-t-elle. En fin de compte, ç’a marché très fort. Nous avons eu des commandes de partout, même de gens qui ne nous connaissaient pas. »

Chaque cabane à sucre était libre de proposer le menu de son choix. À L’Autre Versan, la boîte renfermait tout le repas traditionnel dans des emballages individuels : soupe aux pois, fèves au lard, omelette soufflée, jambon à l’érable, oreilles de crisse, sans oublier les desserts. Les clients pouvaient venir chercher leur boîte directement à la boutique, ou encore, chez Métro Plus Gaétan Riendeau, qui participait à l’initiative.

Évidemment, Hélène Belley et son équipe ont dû s’adapter. Monter des boîtes de repas est fort différent que de servir aux tables. Il leur a fallu se réorganiser. L’entreposage fut aussi un défi. « C’est vraiment un autre monde », a concédé Hélène Belley.

D’autres cabanes de la région ont aussi offert des repas à apporter, sans toutefois adhérer à l’initiative. Si celle-ci prend fin à la mi-avril, l’Érablière L’Autre Versan la prolongera jusqu’à la fête des Mères, autre moment fort de la saison.

Cette nouvelle façon de procéder restera-t-elle lorsque la pandémie sera derrière nous ? « Pas sûr », a confié Hélène Belley. Les deux approches sont fort différentes et l’espace pourrait poser problème.

Chose certaine, Ma cabane à la maison leur a permis de sauver leur saison. C’est déjà ça de pris !