Société

Banques alimentaires : la demande ne tarit pas

Au Centre d’entraide maskoutain : Bernard Picard, responsable de l’aide alimentaire, et Normand Olszensky, président de l’organisme. Photo : Roger Lafrance

On juge souvent l’état de la pauvreté à la difficulté des gens à se nourrir par leurs propres moyens. Au Québec, les banques alimentaires ne parviennent plus à répondre à la demande, au point où on affirme qu’un Québécois sur 10 a dû demander de l’aide.

Cette statistique fait sourciller les responsables des banques alimentaires de Saint-Hyacinthe. La réalité semble différente dans la région même si les besoins sont sans cesse grandissants.

Au Comptoir Partage La Mie, la demande avait déjà augmenté de 25% en 2022. Cette année, l’organisme a distribué 7524 paniers, beaucoup plus que les 6400 distribués pour la dernière année complète, confie Chantal Roy, directrice de l’organisme. « Et l’année n’est pas terminée », s’empresse-t-elle de préciser.

L’explication est toute simple: l’inflation, surtout dans les épiceries, et les hausses de loyer.

Même constat du côté du Centre d’entraide Maskoutain qui offre de l’aide alimentaire à quelque 150 familles par semaine. « Ça a presque doublé depuis un an, affirme Bernard Picard, responsable du service. On ne parvenait plus à répondre à la demande, ce qui nous a obligé à accueillir les gens aux deux semaines. De cette façon, c’est plus facile pour nous de les aider. »

Saint-Hyacinthe compte une troisième banque alimentaire, le Centre de bénévolat de Saint-Hyacinthe, qui offre du dépannage d’urgence aux familles. Après quelques dépannages, on réfère ensuite les familles au Comptoir Partage La Mie.

D’où provient la clientèle? Au Comptoir Partage La Mie, ce sont essentiellement des personnes qui vivent de l’aide sociale. Les prestations sont tellement faibles que les gens n’ont d’autres choix que de se tourner vers les banques alimentaires. Les immigrants représentent l’autre clientèle importante, avec 40% des demandes. Leur nombre a explosé ces dernières années avec l’arrivée des demandeurs d’asile.

«Ce sont des gens qu’on voit quelques mois et qui repartent une fois qu’ils ont trouvé du travail, constate Mme Roy. Par contre, nous en avons d’autres qui arrivent.»

Chantal Roy, directrice du Comptoir Partage La Mie.
Photo : Roger Lafrance

Les travailleurs sont moins nombreux à La Mie. «On en a qu’on doit refuser. Si la personne est trop endettée, nous allons la référer à l’ACEF. On voudrait venir en aide à tout le monde mais on ne peut pas.»

Travailleurs, aînés et étudiants

Du côté du Centre d’entraide maskoutain (CEM), les critères de sélection sont moins stricts. On accueille beaucoup de travailleurs, dont plusieurs proviennent de l’immigration.

«C’est difficile de dire non aux gens, souligne Normand Olszensky, président. On a beaucoup de personnes qui travaillent mais qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.»

L’organisme accueille aussi bon nombre d’aînés qui n’ont que leurs prestations de base pour vivre. Il accueille aussi plusieurs étudiants du Cégep dont les revenus sont limités.

La pression demeure donc énorme pour les banques alimentaires. Le Comptoir Partage La Mie compte surtout sur La Moisson Maskoutaine pour remplir ses tablettes. Le CEM est approvisionné par un organisme de la Rive-Sud.

Mais les deux organisations comptent sur une autre denrée essentielle pour aider ceux qui ont faim : les bénévoles. Sans eux, elles n’y arriveraient tout simplement pas.